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Qui Ça?

  • : Stipe se laisse pousser le blog
  • : Je m'étais juré sur la tête du premier venu que jamais, ô grand jamais je n'aurais mon propre blog. Dont acte. Bonne lecture et n'hésitez pas à me laisser des commentaires dithyrambiques ou sinon je tue un petit animal mignon.
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La cour des innocents

La Cour des Innocents - couv - vignette

Dates à venir

- samedi 2 août, en dédicace à la Librairie Montaigne (Bergerac) de 10h à 12h

- samedi 30 août, en dédicace à la Librairie du Hérisson (Egreville)

- dimanche 9 novembre, en dédicace au Grand Angle dans le cadre du salon Livres à Vous de Voiron.

18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 19:00

RAPPEL HISTORIQUE



Août 2008. Au dehors, sous ses fenêtres, Stipe entend gronder la colère du goudron qui se gondole pas vraiment de rire. "J'ai chaud", dit le goudron, "j'ai chaud, j'ai soif et j'en ai marre d'être piétiné par des tongs". "Ferme la!", lui répond Stipe.
Faut dire qu'il a besoin de se concentrer. On vient de lui refiler la fastidieuse liste des contraintes du Grand Concours de Nouvelles avec mots, expressions et situations imposés. La guigne.
Il se ressert un diabolo-nature et s'attache à la tâche. Deux fois "tache".
Les régles sont bêtes comme chou. Et Dieu sait si le chou est bette...


LES REGLES


Attention ! votre histoire (nouvelle, pièce en quatre actes, sonnet, pamphlet...) devra donc obligatoirement commencer par la phrase suivante :
 
>>>    Les hommes préfèrent les blondes.     <<<   
   
Vous prendrez grand soin de caser de façon plus ou moins outrecuidante TOUS les mots suivants, dans l'ordre qui vous chantera :
 
* Aligot
* Amphibie
* Calibre
* Chemisette
* Dépouillement
* S’éprendre
* Espadrilles
* Macérer
* Matérialiste
* Polisson
* Romarin
 
 
Et puis, tant que nous y sommes, les expressions suivantes :
  
- concurrence libre et non faussée
- avaler des couleuvres
- elle va marcher beaucoup moins bien, forcément
- ne pas y aller avec le dos de la cuiller

On peut conjuguer les verbes, mettre les noms et adjectifs au pluriel, bien entendu. 

Vous veillerez à inclure dans votre texte les  situations indiquées ci-dessous. Vous pouvez les mentionner brièvement ou vous y attarder. Hopla.
 
Les situations
 
>> Faire intervenir Marie Curie 
>> Une laverie automatique


LE TEXTE

 

Les histoires pas piquées des hannetons de Pierre Bellemare.

 
 
Aujourd'hui : Il était une fois.
 
 
Préambule.
Les hommes préfèrent les blondes, en ce jeudi 17 juin près d'Auxerre. Il est 2h34 du matin et Serge est dans un état de dépouillement proche de l'Ohio. Sa voiture roule sur la route bien que ce soit lui qui la conduise. Il se dit qu'il doit avoir le foie pas mal amphibie pour encore être en mesure de se rappeler du chemin qui le ramène chez lui.  
D'ailleurs il ne s'en rappelle pas vraiment. Il s'est perdu, mais quelque chose de mignon.  
 
Quelle charge il s'est mise, avec les camarades. C'est pas qu'il soit matérialiste, le Serge, mais il donnerait son royaume pour une cuvette.
Il les connaît les réunions bolchéviques, il finit  toujours dans le rouge. Et pas que le gros qui tâche. Ce soir c'était bière pour tout le monde. De la blonde, les hommes préfèrent. De la bon marché, de celle dont la capsule se dévisse. De celle dont on n'y va pas avec le dos de la cuillère, de celle qui oblige à en boire un pack de douze avant d'enfin lui trouver un goût autre que celui de la pisse d'âne. Mais douze c'est déjà un chiffre.
Surtout qu'ils ont terminé à la Chartreuse, dans des verres à moutarde.Ca aide à digérer, la Chartreuse, dedans c'est que des plantes. Serge aime bien les plantes, chez lui il a d'ailleurs au moins 2 paquets de chewing-gums à la chlorophylle.
Ca avait causé concurrence libre et non faussée et toute sorte d'autres sujets pénibles et illusoires. Lui il venait principalement pour coller des timbres sur des enveloppes et vider des bouteilles au contenu alcoolisé. De toute façon il savait que le combat était perdu d'avance, les camarades se tiraient dans les pattes pour savoir qui conduirait la voiture-balai le jour de la révolution. Ils n'avaient plus confiance en leurs leaders, chaque fois que Marie-George bluffait, Georges marchait et Robert était eu lui aussi.  
Au moins, coller des timbres sur des enveloppes en se réhydratant la langue au goulot, c'était pépère.
 
Quand soudainement, un évènement se produisit tout à coup comme un genre de suspense... Serge avait beau être pété comme un polonais cocu, il n'était pas le genre de gars à qui on fait avaler des couleuvres de la dernière pluie.  
Y'avait ni plus ni moins qu'une voiture engoncée dans un arbre, là devant lui. Une Renault, mais pas comme celles qu'on voit dans les catalogues chez le concessionnaire. Là c'était plutôt le genre qu'on voit pas où est la tête et où est le coffre. Un vrai bordel.  
L'enquête policière  définira sûrement les responsabilités de l'arbre et du conducteur mais pour le moment, la sienne de responsabilité, c'était de s'arrêter.  
Là, au milieu de cette forêt près d'Auxerre et loin de chez lui…  
En pleine nuit, comme ça, autant dire que Serge n'en mène pas large.  
Et en plus il se met à pleuvoir, c'est quand même la guigne. Serge est en espadrilles et en chemisette, ça craint, c'est quand même mal foutu la vie.  
Mais c'est pas tout…
 
Serge se gare tant mal que mal quelques mètres en avant de l'épave, de manière à éclairer la scène du crash. De toute évidence il faudra un bon carrossier et un bon coup de peinture pour remettre ça en état.  
La conductrice, car c'en est une, git à moitié en dehors de la voiture. Elle est belle comme Marie Curie le jour du mariage de sa soeur.  
Une fille dont Serge, en polisson qu'il est, s'éprendrait sûrement en d'autres circonstances. Mais y'a une heure pour la bagatelle et une heure pour la désincarcération. Serge rassemble tout ce qu'il lui reste de force et tout ce qu'il reste de bras à la fille. Il tire, ho-hisse, ça vient. En deux voyages, mais ça vient.  
De son œil averti, Serge se rend bien compte qu'elle va marcher beaucoup moins bien, forcément quand on a une sorte d'aligot au ketchup en dessous de la ceinture on n'a plus besoin d'apprendre à faire ses lacets.  
 
Presque tel un prince, il prend la fille dans ses bras et l'emmène, elle et ses bouts de jambes, dans sa voiture. Tant pis pour les housses, Serge est fatigué et fin saoul et il veut dormir et il doit ramener les trois quarts d'une fille chez lui. Alors les housses resteront propres un autre jour.
 
La fatigue, quand ça vous attrape comme ça, c'est pas rien. Serge lutte pour se faire violence. Il s'autorise à fermer les yeux de temps en temps, mais jamais plus de 2 virages de suite.  
Sa maison est vachement loin, principalement parce qu'il a pris un chemin qui s'en éloigne.
 
Puis après une palanquée d'heures, il arrive dans sa cour. Il estime à environ 100 millions le nombre de marches qu'il lui reste à monter pour arriver à sa chambre. Dans un avant-dernier effort, il se retourne vers la fille à moitié morte, à moitié mal en point. "On est arrivés, je vous accompagne à votre chambre", lui dit Serge.  
La fille entrouvre les yeux de manière très mystique, mi-raisin. "Bon sang mais c'est super mystique et non moins angoissant, mais que va-t-il se passer?", se demande notre héros.
Son dernier effort, Serge se le réserve pour la portée et la montée triomphale des 100 millions de marches.
Il sort de la voiture comme il peut, et il peut difficilement.
 
Un demain matin plus tard, Serge ouvre les yeux. Il fixe le plafond qui a l'air d'humeur houleuse, en ce lendemain du mois de juin près d'Auxerre. Ca lui donne le mal de mer, voilà ce que c'est que de mettre du parquet flottant dans une chambre!
Dans la cuisine Serge fait macérer du romarin dans du ricard porté à ébullition. C'est un truc qu'il vient d'inventer pour faire passer toutes les maladies dont les symptômes sont du calibre de la gueule de bois et du bide qui tourne dans tous les sens comme la plus grosse machine d'une laverie automatique, celle prévue pour les édredons.
Puis, sans crier gare, il se rappelle de la fille.  
Il court, ou un truc y ressemblant, vers la chambre d'amis.  
Il ouvre la porte.  
Elle n'est plus là.  
Le lit est parfaitement fait, aucune trace de sang, aucune fenêtre ouverte avec un quelconque rideau qui vole symboliquement. Rien.
Il se remémore alors le regard mystique de la fille…
 
L'avait-il rêvée?



Les histoires pas piquées des hannetons de Pierre Bellemare.




Aujourd'hui : Elle était une fois

 

Epilogue.
Les hommes préfèrent les blondes.
On est plutôt près d'Auxerre, pour un jeudi 17 juin.
Les hommes préfèrent les blondes et ça arrange bien les affaires de Jeanne. Elle est la seule blonde à secourir dans un rayon de plein de kilomètres à la ronde, dans cette forêt perdue en plein milieu de juin.
C'est pas vraiment de la concurrence libre et non faussée, elle sait que les hommes s'émeuvent rapidement pour une blonde, fût-elle broyée dans une voiture écrabouillée contre un platane…

 
Sa voiture. Elle doit être un peu chiffonnée à l'heure qu'il est. Et ce n'est pas être matérialiste que de dire qu'elle va marcher beaucoup moins bien, forcément. Va sûrement falloir faire preuve d'ingéniosité et lui faire avaler des couleuvres avec un entonnoir, à son mari, pour lui faire croire que c'est qu'un petit accrochage sur le parking de Super U. Ca risquait de pas super marcher.
Qu'est-ce qui lui a pris aussi d'aller se vautrer contre le premier arbre venu…
Mais oui au fait, qu'est-ce qui lui a pris?

 
La laverie automatique, le dépouillement, la chemisette, l'aligot, le polisson qui a essayé de la draguer et s'éprend les pieds dans le tapis, …
Tout lui revient à présent.
Mais sans aucun lien ni aucun ordre cohérent.
Et Marie-Curie, qu'est-ce qu'elle fout là en combinaison amphibie et en espadrilles et en plein mois de juin?
Quel bordel, le coma! Ah non mais c'est vraiment la plaie ce truc, c'est pas pratique.
On est là, on ne peut plus bouger, on a les yeux à moitié mi-clos, on est tellement conscient de plein de trucs, mais tellement ailleurs à la fois…
Enfin bon, la voilà en travers de son pare-brise à essayer de compter mentalement le nombre de jambes qu'il lui reste en attendant qu'un joli pompier vienne la secourir. Du gros calibre, elle veut. Un GeorgeClooney ou un Sébastien Chabal, un type qu'il fait  bon être avec lui sur la photo, quoi.

 
Ah tiens, un bruit de voiture. Qui s'arrête mais qui fait pas pin-pon. George Clooney sans uniforme, ça peut le faire quand même. Elle mi-ouvre les yeux.
Dans le halo des phares une silhouette s'approche d'elle. A vue de nez écrasé, c'est pas la démarche du type qui vient vous apporter un nespresso mais ça ressemblerait plutôt à Mister Bean qui vous apporte des emmerdes.
"Mais qu'est-ce que c'est que ce tocard qui m'arrive là?", ne se demande-t-elle pas.
C'est vrai après tout, c'est quoi ce messie au rabais que le Saint-Ciel lui envoie? De toute évidence, quand Dieu a décidé de faire dans le canular il n'y va pas avec le dos de la cuillère à miel.
Elle referme ses yeux qui l'étaient déjà.

 
On l'attrape comme on peut. On la tire, oh hisse, un truc se déchire. Sa robe? Ses ligaments croisés? On la sort de la voiture aplatie et on entreprend de la charger dans des bras pour l'emmener ailleurs.
Elle a même pas mal, elle se laisse ballotter et respire les effluves d'un alcool aux 127 plantes macérées. Elle reconnaît le parfum du romarin, de l'ortie fraîche, de l'argousier puis de la housse de voiture qui sent le chien mouillé. Sûrement qu'il pleut et sûrement qu'on l'a chargée dans une voiture.
Elle s'en moque un peu, maintenant. Elle flotte de plus en plus, elle se laisse aller et son esprit s'égare lentement dans cette forêt près d'Auxerre, mais quand même moins près qu'avant.

 

"… je vous accompagne à votre chambre", dit une voix à 100 millions de kilomètres de là.
Jeanne entrouvre les yeux comme elle peut, et elle peut difficilement. Puis les referme aussitôt, hyper facilement par contre.

 
Demain matin près d'Auxerre.
Le soleil darde ses rayons à travers la vitre. C'est beau à dire, par contre ça pique un peu les yeux à travers les paupières qu'elle s'octroie le culot d'essayer d'ouvrir.
Elle cligne un peu puis par l'entrebâillement de ses paupières, elle regarde autour d'elle. Son regard fait lentement le tour du propriétaire.

 

"Ah le con, dit-elle. Il m'a oubliée dans sa bagnole".

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commentaires

P
trop fort!<br /> j'adore!<br /> (ouais, chuis poète, aussi)
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E
Bravo!!<br /> bisous
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S
Ca vient du forum de hardware.fr, pour ne pas le citer.<br /> Le forum est public mais le jeu en question est semi-privé, disons qu'il est réservé à une poignée d'habitués du forum...<br /> Mais le forum étant public, je pense que vous pouvez reprendre les bases du jeu sans problèmes.<br /> <br /> Et oui, mon blog rend plus beau. D'ailleurs c'est un bleaug.
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Z
Françoise, en com' sur mon blog, m'a demandé quelle était la source de ces exercices d'écriture passionnants, et je n'ai pas su lui répondre, ne pouvant que lui donner l'adresse du blog de stipe, celui qui se laisse pousser le blog. Et je dois avouer que je suis également intéressé par la réponse.<br /> <br /> PS : Au fait, est-on plus beau avec le blog ?
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S
<br /> Ca vient du forum de hardware.fr, pour ne pas le citer. Le forum est public mais le jeu en question est semi-privé, disons<br /> qu'il est réservé à une poignée d'habitués du forum... Mais le forum étant public, je pense que vous pouvez reprendre les bases du jeu sans problèmes. Et oui, mon blog rend plus beau. D'ailleurs<br /> c'est un bleaug.<br /> <br /> <br />
S
je suis allé voir tout ça. Chapeau bas l'artiste.
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