8 avril 2009
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RAPPEL HISTORIQUE
Octobre 2006, ça nous rajeunit pas. Les trousses commencent à moins sentir le neuf, les crayons de couleur sont moins bien taillés, les nouvelles baskets sont un peu salies, la rentrée des classes est déjà une affaire ancienne.
Bon sang, et la Toussaint qui arrive ça promet de la morosité en-veux-tu tiens-en-v'là.
Heureusement qu'une missive lui apporte de quoi se dérider le nombril.
Du moins l'espère-t-il. Car cette fois encore il ne coupera pas aux satanées putain d'obligations lexicales.
La vie n'est qu'un trainée, j'vous jure...
Bon sang, et la Toussaint qui arrive ça promet de la morosité en-veux-tu tiens-en-v'là.
Heureusement qu'une missive lui apporte de quoi se dérider le nombril.
Du moins l'espère-t-il. Car cette fois encore il ne coupera pas aux satanées putain d'obligations lexicales.
La vie n'est qu'un trainée, j'vous jure...
LES REGLES
Attention ! votre histoire (nouvelle, pièce en quatre actes, sonnet, pamphlet...) devra donc obligatoirement commencer par la phrase suivante :
>>> Cette boîte était manifestement trop petite pour elle <<<
Vous prendrez grand soin de caser de façon plus ou moins outrecuidante TOUS les mots suivants, dans l'ordre qui vous chantera :
* Aimer
* Anticonstitutionnellement
* Apprendre
* Bredouiller
* Caniche
* Cheveux
* Escarpolette
* Forain
* Foutage de gueule
* Glisser
* Ictérique
* Mordre
* Mortadelle
* Mouche-nez
* Photo
* Sentir
* Trembler
Et puis, tant que nous y sommes, les expressions suivantes :
- A qui mieux-mieux
- C'est pas le Pérou
- Mal y soit qui mal y baise
- Telle mère telle fille
- L'oeil du sourd est normal
On peut conjuguer les verbes, mettre les noms et adjectifs au pluriel, bien entendu.
LE TEXTE
Cette boîte était manifestement trop petite pour elle. Et elle sentait atrocement le poney mort. Sûrement parce qu'elle était dans le corps d'un poney mort.
Ca faisait déjà quelques mois qu'elle était "Polly, la femme poney. Unique au monde!" et si elle avait réussi à s'accoutumer à l'étroitesse de la boîte dans laquelle était caché son corps, elle n'arrivait toujours pas à se familiariser avec les relents nauséabonds qui émanaient de cette enveloppe en décomposition.
Les forains, on les connaît ces gens là. Pour voler des poules, rempailler des chaises ou cracher dans la barbe-à-papa, ils sont là! Mais dès qu'il s'agit de vider un poney mort, y'a plus personne !!
C'est vraiment du foutage de gueule, un tel niveau d'incompétence. Le type qui avait fait ça l'avait vidé avec un mouche-nez, c'est pas possible autrement. Il avait refilé les tripes aux caniches acrobates, mis une boite dedans et grossièrement bourré le corps de sable puis l'avait immortalisé en position assise. On pouvait y entrer par une porte à l'arrière, donc invisible pour le public, puis on glissait la tête dans le cou de l'animal comme on enfilerait un déguisement pour le carnaval.
Vu de l'extérieur, c'était plutôt propre, l'illusion était possible. Mais vu de l'intérieur, ben ça puait le poney mort. Quand elle pensait à sa collègue "Tatiana la femme poney. Unique au monde!", à plusieurs villes d'ici, et qui avait hérité de la tête de l'animal, elle se disait qu'elle ne s'en sortait pas trop mal, que Centaure est sans reproche alors que Minotaure est à travers.
C'est à cause de Jésus qu'elle était là. Son amoureux. Pas celui qui se cache dans les églises pour ne pas voir tout le bordel qu'il a mis à l'extérieur. Quoi que, son Jésus à elle aurait pu être dans les églises aussi. Il est l'homme-tronc. Il n'a ni jambes, ni bras, mais des tablettes de chocolat. Il est musclé comme une joueuse de tennis d'étable.
Lui, il fait "Jésus Cage d'Acier" comme métier. Il expulse complètement l'air de ses poumons, on l'emprisonne dans de grosses chaînes et il gonfle sa cage thoracique pour se libérer, déchirant les maillons comme s'ils étaient en vulgaire aluminium. D'ailleurs, ils le sont.
C'est ce corps sans membres et saucissonné qui lui a valu le surnom de Jésus. C'est plus vendeur que Mortadelle. Et puis avec ses cheveux longs, il a vraiment le visage d'un Dieu.
Pour l'amour aussi, c'est un Dieu. Son sexe, c'est le seul membre qu'il lui reste depuis son accident d'escarpolette sans casque quand il était adolescent. Il y avait perdu une jambe et les deux bras. La deuxième jambe, il se l'était fait couper bien plus tard par le patron de l'entre-sort des Phénomènes de Foire. L'ablation avait été faite avec un couteau à beurre rouillé, un verre de gnole comme anesthésiant et un bout de bois à mordre pour évacuer la douleur, parce que la gnole était frelatée.
Oui mais au lit, ce n'était pas un manchot. Et c'est surtout pour ça qu'elle l'aimait. La toute première fois qu'il la lima, ce ne fut pas le Pérou... Elle était trop troublée pour bien faire. Mal y soit qui mal y baise.
Puis pour pouvoir prendre son pied, elle avait appris à prendre elle-même les choses en main. Forcément, puisque lui ne pouvait pas le faire.
Après son premier orgasme, elle avait tremblé pendant dix bonnes minutes et bredouillé un vague "Merci Jésus". Puis ils avaient remis ça à qui mieux mieux. Et après chaque orgasme, elle tremblait pendant de longues minutes. Il avait un sexe tellement efficace, pour un démembré. Après tout, l'oeil du sourd est normal...
Aujourd'hui elle était la seule à peu près normale dans cette bande de phénomènes. Il y avait Tête d'Enclume, sur le crâne duquel les spectateurs venaient taper de toutes leurs forces avec des tas d'objets qui sont censés faire mal: briques, barre à mine, planche cloutée, ...
La femme à barbe de l'équipe était un mec. Ancien homme de force, il avait tellement avalé de saloperies dopantes pour parvenir à déchirer des annuaires et soulever des éléphanteaux que des seins lui avaient poussé. Il s'était donc laissé poussé la barbe et s'était reconverti assez aisément. Il avait un fils pour qui la carrière était toute tracée, puisqu'il souffrait des mêmes symptômes. Telle mère, telle fille.
Il y avait aussi "Le nain le plus grand du monde. Il mesure 1m96!". Il s'appelait Massilio Arentes Y Manolo Sanchez Calderon De Miguel Oliveira Madredeus Sinomen. Mais on préférait l'appeler Anticonstitutionnellement, c'était beaucoup plus court.
Le dernier c'était Henri, surnommé "Riz-Thon, l'homme poisson-rouge chinois!". Il était aussi peu chinois que poisson. Il était juste ictérique sur tout le corps sauf sur les nageoires, qui elles, étaient en carton-pâte. Le type qui lui avait bricolé ses fausses nageoires et sa fausse queue l'avait fait à partir d'une photo d'un poisson-rouge. Le résultat était vraiment très réussi, très trompeur. Et très rouge, aussi.
Elle était très heureuse, au milieu de tous ces monstres. C'était sa vraie famille. Et elle passait des heures à faire l'amour avec Jésus. Trop, apparemment...
A la fin de la soirée, après avoir quitté son corps de femme animal, le patron vint la voir dans sa caravane. Il avait l'air grave.
- Polly, ça va pas du tout. Je ne suis pas sûr de pouvoir te garder plus longtemps. Tu passes trop de temps à baiser, j'ai plus vraiment confiance en toi, tu sais. Et puis tu prends ton rôle de femme-poney trop à coeur, c'est pas bon ça. Tu n'es pas qu'un poney je te rappelle, mais une femme-poney, donc sois aussi une femme!
- Mais, je... Mais que me reprochez-vous, exactement? Je ne comprends pas tout...
- Ecoute... Disons que tu es trop au lit pour être honnête, et trop ponette pour être Polly.
Ca faisait déjà quelques mois qu'elle était "Polly, la femme poney. Unique au monde!" et si elle avait réussi à s'accoutumer à l'étroitesse de la boîte dans laquelle était caché son corps, elle n'arrivait toujours pas à se familiariser avec les relents nauséabonds qui émanaient de cette enveloppe en décomposition.
Les forains, on les connaît ces gens là. Pour voler des poules, rempailler des chaises ou cracher dans la barbe-à-papa, ils sont là! Mais dès qu'il s'agit de vider un poney mort, y'a plus personne !!
C'est vraiment du foutage de gueule, un tel niveau d'incompétence. Le type qui avait fait ça l'avait vidé avec un mouche-nez, c'est pas possible autrement. Il avait refilé les tripes aux caniches acrobates, mis une boite dedans et grossièrement bourré le corps de sable puis l'avait immortalisé en position assise. On pouvait y entrer par une porte à l'arrière, donc invisible pour le public, puis on glissait la tête dans le cou de l'animal comme on enfilerait un déguisement pour le carnaval.
Vu de l'extérieur, c'était plutôt propre, l'illusion était possible. Mais vu de l'intérieur, ben ça puait le poney mort. Quand elle pensait à sa collègue "Tatiana la femme poney. Unique au monde!", à plusieurs villes d'ici, et qui avait hérité de la tête de l'animal, elle se disait qu'elle ne s'en sortait pas trop mal, que Centaure est sans reproche alors que Minotaure est à travers.
C'est à cause de Jésus qu'elle était là. Son amoureux. Pas celui qui se cache dans les églises pour ne pas voir tout le bordel qu'il a mis à l'extérieur. Quoi que, son Jésus à elle aurait pu être dans les églises aussi. Il est l'homme-tronc. Il n'a ni jambes, ni bras, mais des tablettes de chocolat. Il est musclé comme une joueuse de tennis d'étable.
Lui, il fait "Jésus Cage d'Acier" comme métier. Il expulse complètement l'air de ses poumons, on l'emprisonne dans de grosses chaînes et il gonfle sa cage thoracique pour se libérer, déchirant les maillons comme s'ils étaient en vulgaire aluminium. D'ailleurs, ils le sont.
C'est ce corps sans membres et saucissonné qui lui a valu le surnom de Jésus. C'est plus vendeur que Mortadelle. Et puis avec ses cheveux longs, il a vraiment le visage d'un Dieu.
Pour l'amour aussi, c'est un Dieu. Son sexe, c'est le seul membre qu'il lui reste depuis son accident d'escarpolette sans casque quand il était adolescent. Il y avait perdu une jambe et les deux bras. La deuxième jambe, il se l'était fait couper bien plus tard par le patron de l'entre-sort des Phénomènes de Foire. L'ablation avait été faite avec un couteau à beurre rouillé, un verre de gnole comme anesthésiant et un bout de bois à mordre pour évacuer la douleur, parce que la gnole était frelatée.
Oui mais au lit, ce n'était pas un manchot. Et c'est surtout pour ça qu'elle l'aimait. La toute première fois qu'il la lima, ce ne fut pas le Pérou... Elle était trop troublée pour bien faire. Mal y soit qui mal y baise.
Puis pour pouvoir prendre son pied, elle avait appris à prendre elle-même les choses en main. Forcément, puisque lui ne pouvait pas le faire.
Après son premier orgasme, elle avait tremblé pendant dix bonnes minutes et bredouillé un vague "Merci Jésus". Puis ils avaient remis ça à qui mieux mieux. Et après chaque orgasme, elle tremblait pendant de longues minutes. Il avait un sexe tellement efficace, pour un démembré. Après tout, l'oeil du sourd est normal...
Aujourd'hui elle était la seule à peu près normale dans cette bande de phénomènes. Il y avait Tête d'Enclume, sur le crâne duquel les spectateurs venaient taper de toutes leurs forces avec des tas d'objets qui sont censés faire mal: briques, barre à mine, planche cloutée, ...
La femme à barbe de l'équipe était un mec. Ancien homme de force, il avait tellement avalé de saloperies dopantes pour parvenir à déchirer des annuaires et soulever des éléphanteaux que des seins lui avaient poussé. Il s'était donc laissé poussé la barbe et s'était reconverti assez aisément. Il avait un fils pour qui la carrière était toute tracée, puisqu'il souffrait des mêmes symptômes. Telle mère, telle fille.
Il y avait aussi "Le nain le plus grand du monde. Il mesure 1m96!". Il s'appelait Massilio Arentes Y Manolo Sanchez Calderon De Miguel Oliveira Madredeus Sinomen. Mais on préférait l'appeler Anticonstitutionnellement, c'était beaucoup plus court.
Le dernier c'était Henri, surnommé "Riz-Thon, l'homme poisson-rouge chinois!". Il était aussi peu chinois que poisson. Il était juste ictérique sur tout le corps sauf sur les nageoires, qui elles, étaient en carton-pâte. Le type qui lui avait bricolé ses fausses nageoires et sa fausse queue l'avait fait à partir d'une photo d'un poisson-rouge. Le résultat était vraiment très réussi, très trompeur. Et très rouge, aussi.
Elle était très heureuse, au milieu de tous ces monstres. C'était sa vraie famille. Et elle passait des heures à faire l'amour avec Jésus. Trop, apparemment...
A la fin de la soirée, après avoir quitté son corps de femme animal, le patron vint la voir dans sa caravane. Il avait l'air grave.
- Polly, ça va pas du tout. Je ne suis pas sûr de pouvoir te garder plus longtemps. Tu passes trop de temps à baiser, j'ai plus vraiment confiance en toi, tu sais. Et puis tu prends ton rôle de femme-poney trop à coeur, c'est pas bon ça. Tu n'es pas qu'un poney je te rappelle, mais une femme-poney, donc sois aussi une femme!
- Mais, je... Mais que me reprochez-vous, exactement? Je ne comprends pas tout...
- Ecoute... Disons que tu es trop au lit pour être honnête, et trop ponette pour être Polly.