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Qui Ça?

  • : Stipe se laisse pousser le blog
  • : Je m'étais juré sur la tête du premier venu que jamais, ô grand jamais je n'aurais mon propre blog. Dont acte. Bonne lecture et n'hésitez pas à me laisser des commentaires dithyrambiques ou sinon je tue un petit animal mignon.
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La cour des innocents

La Cour des Innocents - couv - vignette

Dates à venir

- samedi 2 août, en dédicace à la Librairie Montaigne (Bergerac) de 10h à 12h

- samedi 30 août, en dédicace à la Librairie du Hérisson (Egreville)

- dimanche 9 novembre, en dédicace au Grand Angle dans le cadre du salon Livres à Vous de Voiron.

19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 09:55

Au moment où le réveil a sonné, j'ai regretté d'avoir accepté ce voyage(1). Faut dire aussi que présenté comme ça l'était, je ne me suis pas vraiment posé la réponse.

Ils m'ont proposé la chaise électrique ou ça. Encore, ils m'auraient proposé le fauteuil capitonné électrique, je dis pas que j'aurais pas poussé un peu la réflexion. Mais là non, on est mal assis, on vous fout un chapeau ridicule puis on vous regarde vomir la cervelle par les oreilles. J'ai donc opté pour le choix n°2, cobaye d'une expérience dont la teneur ne me serait révélée que plus tard. Une fois que j'aurais fait ce choix, par exemple...

Bon, je sentais bien se profiler l'entourloupe et je me doutais qu'on n'allait pas me demander d'aller regarder péter les poulpes ni de tester si le noir est soluble dans le ricard. Vu que je ne suis pas noir.
On m'a expliqué que je serai le premier à fouler le sol d'une planète hyper éloignée. Ah par exemple, rien que ça !
On a pris mes mesures et sur elles on m'a confectionné une combinaison en peau de titane. Avec un chapeau ridicule. Puis on m'a expliqué que d'après des analyses réalisées en soufflerie sur Wikipedia, cette planète semblait présenter des conditions de mort proche de la nôtre.

J'ai suivi un entraînement bidon pendant au moins plusieurs minutes puis le réveil a sonné mon glas.
Ils m'ont enfilé la combi de trucnaute, m'ont vissé le casque sur la tête tout en m'expliquant enfin ma mission, vu que toutefois je l'avais acceptée.
Je devais me poser sur la planète, faire quelques photos souvenirs, prélever des échantillons du parterre et me barrer. Ils m'ont avoué qu'ils n'étaient pas sûrs que ma fusée soit capable d'assurer les quelques siècles-lumière que compte l'aller-retour. Puis ils m'ont chanté l'hymne et m'ont conduit à mon véhicule.

Dès le début du voyage, j'ai déconnecté tout ce qui était susceptible de me donner la notion du temps. J'ai aussi débranché la radio qui m'assurait le contact avec la base.
J'ai dormi des tonnes de fois. Je serais bien incapable de dire combien de temps a duré le voyage, mais au bout de la dernière nuit j'ai commencé à apercevoir la planète par le hublot. Ils avaient été sympas de ne pas me prendre une place côté couloir.

Je me suis posé quelque part. J'ai ouvert la portière de ma fusée et ai posé le pied au sol. Dans une merde. Un petit pas pour l'homme, un grand pas d'au moins un mètre.
Le temps que je m'essuie la chaussure et que je prélève quelques photos du sol, et on m'avait piqué la fusée.
Puis un bonhomme en bleu s'approcha de moi et me demanda de lui présenter mes papiers.

J'avais donc pris double perpète, j'étais condamné à vie et ma sentence était sans rappel : j'allais passer le restant de ma mort à vivre sur Terre.




(1) incipit de La fascination du pire de Florian Zeller.






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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 10:25
Lundi 1er juin 2009, la nouvelle tombe qu'un avion aussi. Le vol AF447 ne répond plus, même sur répondeur. La direction d'Air France, qui s'y connaît quand même, est formelle : un avion ça ne se perd pas sous le sabot d'un cheval.
Etant donnés que le silence radio se fait entendre depuis plusieurs heures, que la zone de survol de l'avion est principalement atlantique et que le dernier bulletin météo était plutôt caca beurk, tout laisse raisonnablement à penser que l'avion et ses passagers sont, au mieux, hyper mal barrés. L'hypothèse qu'il se soit cassé la margoulette en plein océan est légitimement avancée.
Commence alors dans nos radios, sur nos télés et dedans nos sites internet la folle course à la non-information, bientôt relayée par les torchons, mélangés aux serviettes pour l'occasion, de la presse écrite.
Retour sur les dix premiers jours de vie d'une catastrophe dont la principale victime collatérale fut le mot "information".


1er jour, 1ère heure : on est sans nouvelles de l'avion. On nous fournit tous les éléments nous aidant à développer l'idée qu'il s'est crashé en pleine mer. On ne nous dit pas encore qu'il y aura 278 victimes mais plutôt qu'il y a très peu d'espoir de retrouver des survivants parmi les 278 victimes passagers dont, et c'est bien là le plus moche, au moins des français.

1er jour, 5ème heure : enfin une personne habilitée, en l'occurrence le PDG d'Air France, annonce officiellement que l'avion a officiellement disparu officiellement et que, étant donné que blablabla, il a probablement pris la foudre sur le coin du nez et s'est donc abîmé en mer.
Attention ! Il n'en va pas des avions comme des voitures. Quand une femme avoue qu'elle a abîmé la voiture, c'est qu'elle a tout bigorné la portière droite et qu'une grande balafre fait trois fois le tour de la carrosserie. Quand un homme estime qu'il a abîmé sa nouvelle voiture, c'est qu'il a fait des traces de doigts sur le volant. Quand un pilote abîme son avion, c'est qu'il l'a complètement explosé au point qu'il y a même très peu de chances de retrouver en bon état des traces de doigts.

1er jour, 5ème heure et quart : un expert en vols de nuit au milieu de la mer par gros temps nous apprend qu'un avion ne peut pas exploser en vol, comme ça, juste parce qu'il a été touché par la foudre, même s'il s'est caché sous un arbre. Il a pas dit que ça ne pouvait pas être ça, hein, mais juste que ça lui en toucherait une sans faire bouger l'autre.

1er jour, 6ème heure : le Président de la République Française va s'exprimer en direct. Oui ? Non ? Ah bon, alors en attendant on regarde les résultats du loto.

1er jour, 7ème heure : le Président de la République Française a un peu de retard mais dès qu'il va s'exprimer en direct on sera prévenus, qu'on ne s'inquiète pas. Le numéro complémentaire est le 12.

1er jour, 8ème heure : le Président de la République Française s'exprime en direct.
Il a grave les boules pour les familles des morts, car oui quand même faut pas se leurrer le doigt dans l'œil, il est de son devoir de nous devoir la vérité en face des yeux : ils sont morts.
Mais il promet que tout sera mis en œuvre pour que la lumière soit faite sur cette affaire et pour que les nuages fauteurs de trouble soient interdits d'éclairs.

1er jour, heures qui suivent, minutes qui se ressemblent : rien de neuf, mais en pire.

1er jour, direct du 20 heures : c'est horrible, on ne sait toujours rien sur les circonstances du drame. Mais ils sont tous morts. Ouf.

2ème jour : France Info n'y tient plus et lâche enfin le mot "polémique". Ils ne savent pas encore à quel propos mais il y en a FORCEMENT une.

2ème jour, plus tard : Un pilote affirme avoir vu des débris flotter à la surface. Un expert vient nous expliquer que "flotter à la surface" lui a tout l'air d'être un pléonasme.
Grâce aux indications du pilote, les recherches se concentrent désormais sur une zone bien précise d'un rayon de 3000 kilomètres.

2ème jour, bien plus tard : un avion parvient à localiser les débris. Les rechercheurs font une croix à la peinture sur les nuages pour repérer l'endroit exact.

3ème jour : un bateau repêche les débris : il s'agit d'un morceau de la carlingue et du corps d'un passager.

4ème jour : les experts livrent leur verdict. Le morceau de carlingue est plongé dans une solution de bleu de bromothymol.  Il vire au rien et on en déduit que ce n'était qu'un vulgaire bout de bois.
Le passager est cuit en papillote avec du romarin et un filet de citron, puis servi à la cantine du labo. On en conclut que ce n'était qu'un cabillaud.

4ème jour et demi : via un communiqué officiel, Air France se défend d'avoir fait voyager un cabillaud assis sur un bout de bois.

6ème jour : de vrais débris d'avion avec des vrais morceaux d'Air France dedans sont retrouvés, le bleu de méthylène est formol sur ce point ! Un cabillaud est aussi repêché. Après analyse des documents contenus dans son attaché-case, il s'agirait en fait d'un humain de type passager.
A la cantine du labo, aujourd'hui c'est boulettes de viande.

Jours suivants : on retrouve d'autres débris de l'avion dont un boulon de 17 et la loupiotte de la boîte à gants. Une cinquantaine d'autres corps, dont 1 cabillaud, 2 poissons panés et une boîte d'encornets à l'armoricaine, sont repêchés.

Mais tout ça n'a déjà plus vraiment d'importance, puisqu'après en avoir entendu trop et son contraire, le curieux s'est lassé de cette non-information, légèrement triste de ne pas avoir vu d'images du crash. Les médias, eux, n'en ont plus grand-chose à abattre, déçus de n'avoir eu que trop peu d'éléments pour échafauder la théorie de l'attentat islamiste. Ou musulman, je sais jamais…
Ben oui Madame, on ne gagne pas à tous les coups. Finies les belles années, les glorieuses avec du 11 septembre et du crash de Concorde en pleine ville.
Faut se satisfaire d'un minable crash même pas filmé, sans survivant pour raconter l'enfer, sans responsable avéré derrière qui se cacher et à la face de qui (se) cracher.

De toute façon, c'était ça ou les Européennes sur l'autre chaîne, alors…

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 15:30


-  HEIN ?? Non, pas toi !!
-  Ben si, comme j'te l'dis.
-  Oh non, c'est pas vraiment vrai... On croit toujours que ça n'arrive qu'aux autres, et pis un jour les autres c'est nous.
-  Oui ben ça va, ça arrive à des autres très bien, tu sais !
-  Ah mais j'en doute pas. Mais ça arrive surtout à des gens que je ne fréquente pas et c'est pas dommage.
-  J'attendais un peu plus d'ouverture de la part de mon meilleur ami...
-  Ahhhh me parle pas d'ouverture, maintenant que je sais que tu... Enfin ça me dégoûte quoi.
Et ça fait longtemps que t'as décidé ça ?
-  Tu sais bien qu'on ne décide pas ce genre de chose, c'est dans les gènes. Alors oui, à la naissance on est naturellement orienté, surtout dans mon milieu familial, on ne m'a pas vraiment laissé le choix de choisir, de me révéler. Mais voilà, maintenant j'en ai marre de mentir, je veux sortir du placard à balais...
-  Ah ben ça, le balai, maintenant tu risques surtout d'en avoir le manche dans ton fondement !
-  Bravo, c'est d'une élégance...
-  Excuse moi, je suis encore sous le choc. T'es mon meilleur ami, merde, mets-toi à ma place ! Je réalise que depuis toutes ces années tu m'as menti. Je me rappelle de ces longues soirées passées dans ta chambre, à la fac, quand on refaisait le monde en vidant des bières. Tu me regardais avec tes yeux admiratifs, je croyais que tu buvais mes paroles au goulot. Et là je prends conscience que tu t'en foutais de mes idéaux et que t'avais plutôt les idées basses...
Et Séverine était au courant?
-  Ben non, pas avant que je lui annonce que c'est pour ça que je la quittais.
-  Tu m'étonnes, je crois qu'elle aurait encore préféré que tu lui annonces que t'étais pédé !
-  T'es con ou alors ?
-  Quoi ?
-  Mais c'est le cas. C'est que je lui ai avoué à elle aussi, j'ai pas menti. "Séverine, je te quitte. J'ai viré de bord, je suis homo.".
-  Attends, t'es en train de m'annoncer que t'es homo ? Oh p'tain comme je suis content, tu peux pas savoir !! La peur que tu m'as fait, moi j'ai cru que t'avais viré à droite !! Je te voyais déjà encarté, poseur d'affiches et tout ! Ah ben ça, me v'là rassuré, t'es juste gay ! Allez, dans mes bras, je t'embrasse sur la bouche ! Et puis tiens, du coup maintenant je peux te faire une confidence aussi : je couchais avec Séverine !
-  Et bien confidence pour confidence, je suis amoureux de toi.
-  De moi ??
-  Oui, depuis toujours.
-  Je... Sale gauchiste, va !
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11 juin 2009 4 11 /06 /juin /2009 14:00
Pour le Défi du Samedi la consige était de commencer son texte, tout comme Fredric Brown l'avait fait dans sa nouvelle “Un coup à la porte” (1954), par :
"Le dernier homme sur la Terre était assis tout seul dans une pièce. Il y eut un coup à la porte..."



Le dernier homme sur la Terre était assis tout seul dans une pièce. Il y eut un coup à la porte...
"Occupéééé !!!", hurla-t-il.
"C'est toujours quand on est aux ouaters qu'on vient vous emmerder", philosopha-t-il de par devers lui. Il est vrai qu'il avait besoin de concentration tant la position assise lui était pénible, les échardes qui lui dardaient le fessier se faisant un vicieux plaisir de lui rappeler comme il avait fini.
Les coups redoublèrent d'intensité.
"Voilà voilà, ça vient ..."
Il posa son mots fléchés, se releva péniblement et enfin, prit intérieurement conscience que...
" Ben ! Je suis pas tout seul, au fait ?"
Il se renfroqua rapidement et ne prit même pas le temps de se laver les mains. Il se renifla les doigts... mouais, ça allait.
Il bobilletta la chevinette et fit connaissance avec le visage des deux toqueurs.
" Qu’est-ce que vous foutez chez moi, les frères Ducond et Ducont ? "
Celui qui portait le plus une cravate des deux entreprit la parole :
" Nous avons dongué à la porte et comme ça ne répondait pas, on a deviné que vous vous cachiez alors nous sommes entrés. Et nous vous avons trouvé derrière cette porte.
- Ah ouais, carrément... Et qu’est-ce qui vaut que vous veniez me troubler les urines ?
- Monsieur, vous avez entendu parler de Jésus-Christ ? ", demanda celui des deux qui portait un nœud papillon par rapport à l’autre.
Merde, les Jehovah !
" Ben oui et non. Ca dépend, c’est pour quoi ?
- Monsieur, nous sommes venus vous annoncer que le Seigneur est redescendu sur Terre afin d ’instaurer le Paradis Eternel ... "
Gnagnagna, et mon cul sur la commode du salon...
"... et qu’il a puni tous les mécréants, les hérétiques, les blasphémateurs, tous ceux qui n’ont pas cru en sa parole et qui...
- Dites, les deux oisillons tombés du nid, dommage que vous ne brilliez pas autant que les enluminures de votre annuaire des apôtres selon Saint Oui-Oui. Réfléchissez un peu, les frères Lumière éteinte... A votre avis, pourquoi je suis encore ici alors qu’il n’a gardé que les gens vermoulés dans le même bois que vous ? "
Ulu et Berlu se dévisagèrent de haut en travers. Puis une ampoule cligna au dessus de leur tête. Ils émirent un "Aaaahhhhh !!!" complice, de la satisfaction de celui qui a résolu la quadrature du carré. Et ils repartirent, jubilant bras dessus bras dessous, au son de "Il est des nô-ô-tres, il a bu sévère comme les apô-ô-tres".

Le dernier homme sur la Terre referma la porte derrière leur départ.
Il était résigné. Ainsi donc il ne restait plus que ça ? Alors oui, en effet, d'une certaine manière il était bel et bien le dernier homme sur la Terre.
S’il connaissait Jésus-Christ ? Tu parles, un peu ! C’était même écrit ce nom là sur son passeport.
Il se dirigea vers l’armoire à pharmacie. Il en sortit un chapelet d’ail et un brumisateur d’eau bénite. Tout en se brandissant les gousses sous la vue, il s’aspergea d’eau bénite. Ses mains, ses pieds, son front se remirent à seigner. Son cœur, aussi, lorsqu’il y planta un crucifix.
Il avait pris la décision de ne pas exister, jamais.
Alors que la vie lui quittait les veines, au dehors il entendit le bruit de la déflagration.
Cette fois ci il crèverait pour de bon. Et cette fois-ci, il ne laisserait pas de témoins derrière lui.
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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 08:00
Ah ben tiens, v'là qu'il flotte. Ca va leur faire les souliers vernis, à tous ces crevards.
C'est ça, regardez moi bien, oh oui que je suis belle. Faut aimer le bleu violacé, c'est un fait...

Je m'appelle Martine. LA Martine.
Non, pas l'écrivain. Je vous parle de la seule et unique Martine que vous connaissiez vraiment. Vraiment trop même. Martine à la plage, Martine à Paris, Martine à la ferme, Martine apprend les verbes du premier groupe, ...
Vous savez tout de mon enfance. Bien avant la téléréalité et le Truman Show, vous avez pu suivre tous mes agissements, vous vous êtes délectés de ma jeunesse.
La petite bourgeoise propre sur elle. Martine à la messe, Martine aide mamie à traverser la rue, Martine résout l'épineux problème de la pauvreté dans le Monde, ...

Toute mon enfance déclinée en bouquins pour jeunes lecteurs.
Tiens, Martine va aux ouaters ! Hop, Martine va aux ouaters, Martine a des selles molles, Martine a des selles bien moulées.
Vous ne me croyez pas, vous me trouvez vulgaire ? ISBN 1487624483, demandez à votre libraire.

Je ne pouvais pas lever le petit doigt sans qu'on n'en fasse un livre : Martine lève le petit doigt, Martine lève encore le petit doigt, Martine a une crampe ou alors ?

Oh bien sûr, à l'époque c'était plutôt sympa. Mes parents touchaient sur les ventes donc on vivait plutôt aisément et on était souvent barrés en vacances. Ca faisait du Martine prend le train, Martine à Saint-Tropez, Martine et les gendarmettes, Martine et les extra-terrestres, ...

Tiens ça y est, le vieux pédophile a terminé son blabla, on va pouvoir me lâcher la grappe et passer au clou du spectacle.

Mais voilà, le public commençait à se lasser, c'est humain.
Alors on a donné dans le sensationnel.
On m'a fait éprouver de la souffrance, Martine tombe de vélo. On m'a fait réfléchir, Martine doute de Dieu. On m'a fait prendre des engagements, Martine milite pour l'avortement. Puis on a fait de la merde, Martine et le taxi jaune, Martine mange des tartines, Martine III l'œil du tigre...

Puis alors, je suis rentrée au collège. L'âge ingrat par excellence, le visage qui fleurit, le corps qui mute et le cerveau qui shunte.
Et puis aussi les premiers émois. Les garçons sortaient avec moi, sûrement plus dans l'espoir de faire la 4ème de couv' un jour que par véritable amour adolescent. Ils se laissaient aller à la confidence, certains m'avouaient que je leur avais donné leur première érection. D'autres, leur première éjaculation. Mais la majorité des camarades de l'époque s'adonnaient surtout à la moquerie avec rime en "-ine".

Je n'affichais plus la candeur et la naïveté qui avaient forgé mon succès.
Martine est formée, Martine ne fait pas sport cette semaine,  Martine gothique, Martine met la langue.
Tous ont moins bien marché les uns que les autres.

On a arrêté ma narration après ma seconde troisième, juste avant que je ne rentre au lycée. Vous avez échappé à Martine et le trois feuilles, Martine fugue, Martine sur la banquette arrière ou Martine rate aussi l'oral.

Ca y est, enfin on me fout dans le trou. La pluie martèle le couvercle dans un roulement de tambour solennel.

Martine en chiffres c'est cinq mariages, cent fois amoureuse, sept gosses, une vie de merde. Une cinquantaine de bouquins comme autant d'albums photos de ma jeunesse et une douzaine de couvertures de magazines à scandales pour achever ma bibliographie. J'ai commencé dans vos bibliothèques, je termine dans les salles d'attente de vos dentistes.

On me recouvre de terre. Les gens pleurent une dernière fois, par convenance.
Dire qu'y'a même pas de vent
Pour agiter agiter tes fleurs,
aurait dit Jacques Brel qui n'avait pas du talent de main morte.

Enfin! On va me laisser peinarde.
On se retrouve bientôt dans Martine se pend.

 

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6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 18:33
Jean-Pierre Liégeois, jeune lecteur du Var, est un sacré gai-luron. Faut croire.
Figurez-vous qu'il m'a envoyé une lettre pour m'écrire. Et dans son courier, voilà donc pas ce qu'il me dit, le Liégeois :


"Cher Stipe, (c'est moi, n.d.l.a.)

  Maman est une vieille grigou, c'est pas Dieu permis d'être une vieille grigou comme maman l'est.
Pensez donc que tous les ans c'est le même pataquès : un dimanche l'an, je me radine parfumé et rasé de frais, raie au milieu, chaussettes propres et souliers vernis à la cire d'abeille du Liban. Ce dimanche en question est celui de la fête des mères : je viens fêter ma maman.
Et chaque fois je lui apporte un présent pour lui montrer que je pense à elle, et chaque fois elle me balance mon livre dans la ganache en me disant qu'elle n'en n'a pas besoin et qu'elle l'a déjà lu et qu'il est nul mon cadeau et que je suis un con de fils. Et elle me crache un glaviot dans l'œil.
Cette année j'aimerais éviter les projections de livres et de mollards et comme je vous sais très malin (c'est encore moi, n.d.l.a.) je m'en remets à vous pour me donner quelque idée de création d'un cadeau personnalisé pour la vieille chouette.

Veuillez recevoir, Monsieur, mon cordialement.
Bisous doux.

      Jean-Pierre Liégeois (jeune lecteur du Var)"


Ben mon JP, si tu veux mon avis, t'es pas dans le caca ! Pis en plus faudrait pas voir à prendre ce blog pour un site de loisirs créatifs à la con.
Mais bon, je vais quand même te refiler quelques idées de bidules simples à bricoler et qui devraient un peu graisser le fondement de ta reum qui m'a l'air de grincer pas mal aux entournures.


Idée n°1 :

Ta maman aimerait s'attirer à elle les regards envieux des hommes, ou plutôt les regards des hommes qui ont envie. Ripolin et toi saurez lui redonner sa superbe d'antan, pourquoi pas.
Avec seulement 3 pots de peinture (un bleu, un rouge et un jaune), procure-lui la véridique panoplie de "secrétaire de papa". A elle les cheveux blonds naturels, les lèvres rougeasses pulpeuses et l'eyeliner qui ne part qu'au white-spirit.


Idée n°2 :

Ta maman s'ennuie un max depuis le décès de ton papa ? Elle se sent quelque peu décrépie du crépu depuis qu'il s'est barré avec sa blondasse de secrétaire ? Elle aimerait se faire bouffer le fond d'artichaut, oui mais ça fait péter ?
Allons allons, ne t'enflamme pas, tu possèdes sûrement chez toi de quoi lui redonner du brillant dans les yeux. Non, je ne parle pas de ce cocaïne.
Prends un rouleau de sopalin, épluche le complètement de toutes ses feuilles et ne garde que le tube en carton. Enfonce à moitié une pomme de terre dans l'une de ses extrémités : tu viens de lui fabriquer un superbe godemichet à peu de frais.


Idée n°3 : 

Maman se trouve grosse. Mais à cela, il y a deux raisons : la première est qu'elle est une femme et qu'une femme se trouve toujours trop grosse. La seconde est qu'elle est effectivement grosse.
Sois un bon fils, offre lui ton rond de serviette en bois et gravé à ton nom, ça lui fera un bel anneau gastrique personnalisé.


Idée n°4 :
Maman se trouve hideuse, vieille et fatiguée ? Ben tu m'étonnes !
Elle aimerait molasser, se délasser et se prélasser. Elle en a assez d'être lassée.
Sur ton magnétoscope VHS, tous les vendredis soirs enregistre lui l'émission piscicole présentée par Georges Pernoud. Puis, cette compilation exhaustive sous le bras, pointe toi chez elle et annonce lui qu'elle va partir en traitement rédempteur. Colle la dans le fauteuil devant la télé et la voilà partie pour une longue cure de Thalassathérapie.
C'est-y pas mignon?


Bon voilà, c'est tout pour aujourd'hui, je vais pas me casser la nénette plus que ça pour un benêt de ta catégorie et sa vieille pénible de maman.
Avec ça tu repartiras quand même sous les jets glaireux et les projections de sex-toys tuberculo-cartonnés, mais au moins t'auras fait ton possible pour sauver en apparence ta misérable famille.

Salut Jean-Pierre, je te la souhaite bien bonne et n'hésite pas à me contacter aux Rameaux si tu cherches comment faire un joli bouquet de persil pour aller fleurir sa tombe.




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4 juin 2009 4 04 /06 /juin /2009 14:00
63% des gens interrogés n'ont pas compris la question.
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4 juin 2009 4 04 /06 /juin /2009 13:30
Si le recyclage des déchets plaît aux Verts, le tri sélectif plaît aux nasmes.
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2 juin 2009 2 02 /06 /juin /2009 14:00
Pour le Défi du Samedi, écrire un texte autour de cette chanson :
(cliquez sur "Play full song" pour l'écouter entièrement)


Apparition - Patrick Wolf




J'ai toujours une petite musique dans la tête.
Ma vie est comme une comédie musicale. Quand je parle, avec la musique ça fait comme si je chantais. Je dis "quand je parle" mais je devrais dire "quand je me parle". Je me parle qu'à moi, que dans ma tête.
Ma tête c'est là que je vis.
Maman a passé ma jeunesse à me bringuebaler chez des docteurs puis chez des spécialistes. Au début ils pensaient que j'étais muet. Mais je ne le suis pas, puisque je me parle.
Et j''ai toujours une petite musique dans la tête.

On m'a fait des tas de tests. Pour les gens j'étais débile. Puis un jour le professeur Moiron a dit que j'étais différent. Maman a bien aimé ça. Depuis elle a toujours dit "il est différent" ou "il est rêveur", "il est dans son monde". Du moment où j'ai été diagnostiqué différent, ma débilité était pas grave.
J'ai eu une scolarité normale. La seule chose qui me différenciait, mais c'est normal puisque je suis différent, c'est que parfois je loupais l'école pour aller voir le professeur Moiron.
Maman aimait bien le professeur Moiron, elle disait qu'il est sérieux. Moi je le savais con comme une barrique percée. Et j'hésitais pas à lui dire, à maman. Dans ma tête.
Il parlait gravement à maman, me tournant le dos comme unique paravent à ses inepties. Puis il se retournait vers moi avec un grand sourire et me parlait très fort, comme si j'étais débile, pour me dire que j'étais pas débile.
Mais c'est lui le débile, je suis sûr qu'il a même pas de musique dans la tête.
Moi, j'ai toujours une petite musique dans la tête.

Un jour que j'étais plus grand, ils m'ont mis en traitement. Ceux qui étaient différents c'était les infirmières vu qu'on ne se retrouve qu'entre gens différents pareil. Maman disait que j'étais mieux en traitement. Elle disait ça parce que je souriais.
Faut dire qu'on me gavait de pilules : des anti-déprimants, des euphorisants, des calmants, des dopants, des lobotomisants, des stimulants. Tous ces substituts de santé qui servaient sûrement à donner du crédit au débit du compte en banque de maman, mais qui pour de vrai s'avéraient aussi pertinents qu'un anneau gastrique chez l'anorexique.
Sauf que moi, l'anneau gastrique on me l'a posé dans la tête Du coup je vivais dans un endroit encore plus restreint, oui mais je souriais. Alors maman souriait aussi et le professeur Moiron était plus sérieux que jamais.
Mais, j'ai toujours une petite musique dans la tête.

Un jour, un professeur de la ville s'est occupé de moi. Il me parlait comme si j'étais seulement différent. Il m'a dit que j'étais comme les autres mais que je vivais dans un autre endroit. Que ma cabane était perchée hyper haut et qu'elle était pas très grande mais que le principal c'était que je sois heureux d'être dans ma cabane, même si des fois j'avais le vertige, même si des fois les murs étaient trop proches. Ce professeur là, il devait être sérieux.
Alors il a dit qu'on allait un peu arrêter les médicaments, pour voir.
Mais moi je souriais toujours.
En plus, j'ai toujours une petite musique dans la tête.

En plus, maintenant c'est toujours la même. Elle tourne en boucle.
Et en plus je l'aime pas, elle est moche. C'est un violon qui geint, un violon qui pleure parce qu'il se fait découper par l'archer.
Le violon, je trouve que c'est un instrument triste et maltraité. Un violoniste, on dirait qu'il découpe une mortadelle avec un grand couteau. Alors la mortadelle crie.
Et ma musique, elle joue de la mortadelle toujours.
C'est à cause de l'anneau dans ma tête et de mon sourire. Le violon découpe ses tranches,  ma tête pleure dans sa tête mais mon visage sourit.
Le professeur sérieux a dit que j'allais mieux, même si je souriais toujours.
J'ai toujours une petite musique dans la tête.

Je suis sorti du traitement depuis quelques jours. Je souris alors la dame m'a souri.
Elle m'a dit que j'avais l'air heureux, j'ai répondu non sale poufiasse dans ma tête. Elle m'a dit oui ça se voit que je suis heureux.
Le violon crie, la mortadelle est ritournelle, le couteau découpe fort. La dame crie, la mortadelle est éternelle, le couteau découpe très fort. Maman crie, les gens crient, la mortadelle est désaccordée, l'anneau gastrique a fermé tous les volets.
J'ai toujours une petite musique dans la tête.

Les médecins ont dit débile alors le juge a dit débile.
On a posé des électrodes sur ma tête, maman m'a regardé en pleurant, pourtant je souriais.
Un grand larsen a crié chez moi, toutes les fenêtres ont volé en éclat, la porte a explosé et ma vie est sortie par le sang de mon nez.
La petite musique dans la tête s'est arrêtée.

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31 mai 2009 7 31 /05 /mai /2009 21:31
Pentecôte : Fête chrétienne, sept semaines après Pâques, inspirée de la fête juive de Chavouot ou fête des Semaines. Pentecôte (du grec Pentekostê - πεντήκοντα , cinquantième) commémore la descente de l'Esprit Saint sur les Apôtres le cinquantième jour à partir de Pâques, comme Chavouot commémore la descente, le cinquantième jour à partir de la Pâque, du Mont Sinaï par Moïse, porteur des Tables de la Loi.

Incompréhensible, non?

On se dit "Pentecôte", 10 jours après "l'Ascension", y'a forcément le maillot à pois de meilleur grimpeur en jeu.
Ben que dalle, il est question de descente. Celle de Jésus mort. Dix jours après celle des flics, de descente.
Remember...


(flou artisitique)


Jésus, fils de Joseph le tugais et Marie la teupu, se fait serrer par les keufs pour délit caractérisé de sale face de hippie. La maréchaussée, qui l'a cru s'y fie, mais le colle quand même sur la croix et avec des clous rouillés.
Christ, qui ne tournait pas qu'à la tisane et à la Dunhill Menthol, sort de son enveloppe corporelle et fait style il est même pas mort et son âme est toujours vivante. N'imp'...
Pendant quarante jours, avec tous ses potes chevelus et leurs chiens galeux, il joue de la guitare autour d'un feu de bois. Au quarantième jour, et après quarante jours de foncedé intensive, il est hélitreuillé au Ciel : il vient d'inventer le bad-trip.


(fin du flou artisitique)


Jésus vomit partout sur les murs, se fait dessus, transpire sous les bras et voit des anges qui jouent de la guimbarde. Après dix jours vient le moment tant redouté de la redescente. C'est le lundi de Pentecôte, à ne surtout pas confondre avec le lundi des Cendres. Qui tombe un mercredi.

Pendant plein d'années on avait droit d'aller s'emplataner sur les routes pour courir rejoindre sa tata d'Auvergne ou son Jésus de Nazareth.
Mais pendant l'été 2003, des tas de vieilles personnes meurent en silence, nous rappelant qu'elles vivaient encore l'instant d'avant. Le silence fait grand bruit, les politiciens émus décident d'y rendre hommage en y accordant une minute. De silence. Et d'une journée.
Dans un excès de philanthropie, les patrons se côtisent et offrent leurs employés, dont les bénéfices de la production seront entièrement reversés aux marchands de climatisations, de brumisateurs et de glaces 2 boules chocolat-vanille.
Et depuis, une année sur deux sauf les années impaires se terminant par un 4 et dont le premier mois est janvier sauf en juin, le lundi de Pentecôte est férié ou ne l'est pas.
Et vice-versa.


ATTENTION !! Il ne faut pas confondre "Veau de la Pentecôte" et "Crétin de Catholique".

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