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Qui Ça?

  • : Stipe se laisse pousser le blog
  • : Je m'étais juré sur la tête du premier venu que jamais, ô grand jamais je n'aurais mon propre blog. Dont acte. Bonne lecture et n'hésitez pas à me laisser des commentaires dithyrambiques ou sinon je tue un petit animal mignon.
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La cour des innocents

La Cour des Innocents - couv - vignette

Dates à venir

- samedi 2 août, en dédicace à la Librairie Montaigne (Bergerac) de 10h à 12h

- samedi 30 août, en dédicace à la Librairie du Hérisson (Egreville)

- dimanche 9 novembre, en dédicace au Grand Angle dans le cadre du salon Livres à Vous de Voiron.

31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 08:00

 

La Cour des Innocents - couv - vignette

 

ISBN : 978-2-36651-035-5

190 pages. Format 13,3 x 20,3

12.00€

 

3.99€ (format numérique)

 

 


 

"La cour des innocents" est un recueil de 15 nouvelles publié aux éditions Paul & Mike (distribution Hachette)

 

L'illustration de la couverture est de Sophie Peigné. Le graphisme de la couverture a été réalisé par Sylvain et Jocelyn Pezon. C'est Edith de Buffrénil qui s'est chargée des corrections, et Alain Emery qui a signé la préface.

 

 

 

 


 

 

 

Ma concierge, à Dant-Lès-Calliers, me tague au feutre indélébile la question suivante sur ma porte :

 

"Mais de quoi don' qu'ça cause, comme livre ?"

 

 

(Pour ses étrennes, elle pourra aller se brosser !)
Alors chère Ma Concierge, voici ce que raconte la 4ème de couv' du livre :

 

 

Innocent,e (adjectif et nom commun) :

Qui ne fait pas de mal.

Qui n'est pas coupable.

Qui ignore le mal.

Naïf.

Personne innocente.

Simple d'esprit.

 

 

 

Non coupables, fous, irresponsables, ingénus, ils ont tous un alibi valable : ils étaient victimes d'eux-mêmes au moment des faits. Ce sont des choses qui arrivent et dont on parle, entre autres choses, à travers ces quinze instantanés d'histoires, parfois sombres, souvent cyniques, mais toujours à l'humour ravageur.

On y croise des enfants, des vieux qui jouent, un clochard, une caissière de péage et un requin-marteau. Mais aussi des guest stars telles que Thierry Rolland, Dieu, la maman de Jacky du Club Dorothée ou le hollandais qui a gagné à l'Alpe d'Huez un jour. A noter que le policier des Village People a décliné l'invitation.

 

 


 

 

 

Un type que j'ai croisé l'autre jour sur le marché mais que j'ai pas reconnu tout de suite et puis finalement ça m'est revenu au bout de cinq minutes je savais bien que je le connaissais je suis quand même pas fou, m'a demandé  :

 

"Et les gens, ils en disent quoi de ton bouquin ?"


 

(Qu'est-ce que ça peut bien te foutre ? Je te demande si ta grand-mère couchait avec les allemands ?)

Alors cher Machin, figure-toi que j'ai justement compilé quelques commentaires, puisés au hasard dans un échantillon réprésentatif de gens qui m'adorent ou qui me doivent de l'argent :

 

« Joyeusement féroce » – Alain Emery


« Dans ce recueil de 15 histoires sombres, cyniques, décalées, absurdes ou loufoques, l’auteur joue avec les mots et tient le rythme d’un texte à l’autre avec un style vif, plein d’humour (noir) et d’intelligence. » - Shut up & Play the Books

 

 

« Alternant les genres et les registres, jouant le décalage ou la tendresse avec la même séduisante désinvolture, Fabien Pesty parvient en permanence à surprendre son lecteur, tant par ses sujets que par l'inventivité de ses formules. » - La Librairie Calligrammes

 

 

«  Un recueil de nouvelles jubilatoires qui nous fait passer du sourire à la grimace, du rire aux larmes ! Un phrasé percutant, imaginatif. Des scènes actuelles dans lesquelles on se retrouve parfois. Un premier recueil très prometteur d'un auteur, qui souhaitons-le, n'en est qu'au début d'une longue série. » -  La Librairie Egrevilloise

 

 

« Dans un style incisif, avec une cruauté bien maîtrisée, la cour des innocents de Fabien Pesty bruisse, vibre, se débat; jamais innocente parce qu’elle a vécu, souvent capable et coupable de heurter ses plus proches parents, les voix des personnages rejouent un passé qui a éclaté comme un coup de dés. Une dizaine de nouvelles très maîtrisées et qui font de leur auteur une plume à suivre absolument. » - Toute La Culture

 

 

« Je pourrais te dire que Fabien Pesty raconte les histoires comme personne, qu'il croque les innocents à pleines dents, avec la gourmandise de celui qui aime ses personnages - même les plus cons - à la folie. » - J'ai tout lu, tout vu,tout bu


« Avec un style incisif et décapant l'auteur nous trimballe d'histoires en histoires sans jamais nous laisser un moment de répit. Tantôt triste, tantôt nostalgique ou complètement barré ses histoires sont de celle qui laisse une trace dans votre inconscient. C'est un nouvel univers à chaque fois, une nouvelle approche de l'humain et on ne s’ennuie pas. On parle d'éthéromanie, de folie, de lâcheté, de bêtises ou bien encore de méchanceté ou d'oublie, des traits du caractère humains qui ne sont pas tous reluisant mais que Fabien Pesty s’emploie à faire sortir au grand jour. » - Le 102ème Blog

 

 

 

« Je ne peux que conseiller la lecture de ce recueil qui vous assure un excellent moment de détente. Les nouvelles se laissent lire sans s'en apercevoir en vous offrant des bons moments de rigolades. Une bonne découverte, un auteur sympathique à la répartie aiguisée...bref un ensemble positif à partager. » - Tribulations d'une vie

 


 

« Chaque nouvelle est un condensé de mots judicieusement ajustés ; des mots triés, sous-pesés, calibrés pour un maximum de justesse, des mots assemblés, mélangés, imbriqués au millimètre. Pas de place au vent, pas de mot inutile. Pesty, c’est un orfèvre du mot. Précis. Efficace.  » - Au pouvoir des mots

 


 

« Fabien Pesty met le doigt dans la plaie de la mémoire.
Un auteur à suivre... » - commentaire Libfly

 

 


« Il y a quelque chose de jubilatoire dans l'écriture et l'auteur de la préface prétend nous livrer un secret : Pesty s'amuse en écrivant. Secret facile à trouver en lisant à mon avis... » -  commentaire Libfly


« Connard !» - Une ex


« Moi. Je. Dieu.» - Yann Moix



« Je n'ai pas tout compris.» - Quelqu'un qui n'a pas tout compris


« Génial ! » - Fabien Pesty



« Papier d'excellente qualité pour emballer les poissons.  » - Ordralfabétix



« Le talent de Fabien Pesty crève les yeux. » - Gilbert Montagné



« Votre base antivirus est maintenant à jour. » - mon antivirus

 

 

 

 

(N'hésitez pas à laisser vos commentaires ici aussi.)

 

 

 

 

 


 

 

 

Pierre-Alain de Saint-Pigeon-sur-Rhône (en Bretagne) se rappelle soudainement qu'il avait un truc hyper important à me demander la dernière fois qu'on s'est vus, et qu'il a complètement zappé parce qu'on a parlé de choses et d'autres, et que du coup il me laisse un SMS sur le hashtag avant d'oublier une seconde fois :


"Où et comment peut-on se procurer le livre ?"


 

(D'abord "bonjour", hein, ça mange pas de pain ! Sois poli si t'es pas joli !
Et ensuite, la prochaine fois tu feras une liste des questions à me poser quand on se voit, ça t'évitera de venir encombrer inutilement mon hashtag avec tes SMS inquisiteurs)

Cher Pierre-Alain, j'étais justement en train de faire la liste des points de ventes quand j'ai entendu sonné mon hashtag ! C'est fou-fou, le hasard !


Donc on peut trouver le livre dans les librairies suivantes :
- Librairie Egrevilloise
(Egreville, 77)

- Librairie Calligrammes (Sens, 89)

- Nouvelle Librairie Polinoise (Poligny, 39)

- Les Temps Modernes (Orléans, 45)

- Librairie Le Square (Grenoble, 38)

- Librairie Nouvelle (Voiron, 38)

 

Mais aussi sur les sites marchands de l'internet (comme Amazon, au hasard...)

 

Le recueil existe en version numérique, sur plein de plates-formes différentes :

- ePagine
-
 Kobo
- Amazon
- Fnac
- Nolimstore
- Virginmega
- Starzik
- Youboox

 

 

Vous pouvez aussi me le commander directement, sous le manteau, contre 12€ (et pour 2€ de plus, les frais de port sont offerts !!! Profitez-en vite). Je me ferai un plaisir de vous le dédicacer.

 

 

(N'hésitez pas à me faire part des librairies et points de ventes non encore listés)

 

 

 

 


 

 

Le type assis à la gauche de Dieu sur la photo (en partant de la droite), formule une question en ces termes :

 

"Quelle est votre actualité ? Avez-vous prévu des dédicaces,

des salons, des passages télé ?"

 

 

(quelle plaie, ces témoins de Jéhovah...) 

Cher personnage, il vous est possible de suivre mes pérégrinations sur ma page Facebook, et éventuellement ci-dessous, si je pense à mettre à jour...

 

- Salon Egre'Livre - Dimanche 18 mai 2014 - Egrevilles.
Seront présents, entre autres : Jacques Saussey, Didier Fossey, Jean-Fabien, Claire Favan, Maud Mayeras, Christophe Malavoy, Laurent Scalese, Dominique Maisons, et plein de surprises !! (en fait j'en sais rien, mais ça fait toujours bien de dire qu'il y aura des surprises).


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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 14:55


L'équipe de France de foot est composée de connards imbus, trop payés, irrespectueux, mal élevés, arabes, noirs, moche (au singulier, on pense tous au même...), bref, on n'aime pas l'équipe de France pour des tas de raisons toutes plus valables les unes que les autres, et que l'on peut aisément démontrer sans s'y connaître plus que ça.

 

Ceci étant dit, il faut que ce soir l'équipe de France de foot gagne et se qualifie pour le Mondial 2014. S'il vous plait !

Cela ne changera strictement rien au fait que ce sont des cons-trop-payés, et qu'on méritait pas de se qualifier, et que la gauche au pouvoir, merci bien, quelle chienlit ! Mais quitte à leur cracher dessus, puisque c'est là une de nos activités préférées, autant la prolonger le plus possible.

Je revendique mon droit à me comporter comme un beauf pendant un mois tous les quatre ans. A traiter les bleus de branquignolles (trop payés, trop noirs, trop de gauche, trop moche, toujours lui) pendant la journée, et à vibrer le soir devant ma télé devant la Marseillaise. A commencer à vibrer même deux heures avant le coup d'envoi du match contre un pauvre pays d'Asie ou d'Afrique. A me coller dans le canapé, un stock de bières à portée de main, et à foutre sur TF1 dès 20h30, ce qui fait que pendant un mois tous les quatre ans je me tape la météo d'Evelyne Dhéliat et je VIBRE. Non, je me branle pas, juste je vibre.

Evelyne Dhéliat sent bon la Coupe du Monde de foot, et je l'aime pendant un mois, même lorsqu'elle annonce un ciel de traîne.

 

 

(Tiens, je me permets une petite digression : en cherchant sur google l'orthographe d'Evelyne Dellia qu'en fait c'est Dhéliat, j'ai appris qu'elle avait eu un cancer mais qu'elle va vachement mieux et qu'elle a retrouvé le bonheur. Nous voilà rassurés par l'heureux dénouement d'une triste histoire dont on ne connaissait même pas l'existence 10 secondes plus tôt.)


Je réclame cette parenthèse mensuelle, estivale et quadriennale, pour pouvoir m'enthousiasmer seul, le soir devant ma télé, à lâcher des jurons contre l'adversaire (ah, le plaisir inégalable de traiter un allemand d'enculé ou un italien de pédé !), et pouvoir défoncer les ressorts du canapé à jaillir à chaque frappe au-dessus de la transversale de ce gros con (d'arabe trop payé ) de Benzéma, "'tain mais sortez-le, ce bourrin ! Il serait incapable d'atteindre une vache dans un couloir !!". Et gueuler "YES !!" à la fin du match parce qu'on a battu une équipe d'asiatiques qui portent tous le même nom.
Et pouvoir, le lendemain à la machine à café, dire que ce sont des chèvres, des connards imbus trop payés (surtout les noirs), qu'ils ne respectent pas le maillot ni le drapeau (alors que nous, on a chanté la Marseillaise devant notre écran), et que l'autre moche il joue bien, mais qu'est-ce qu'il est moche ! (avec tout le fric qu'il gagne, il a jamais pensé à se faire refaire la gueule ? Disons qu'il faudrait qu'on pense pour lui à ce qu'il se fasse greffer un cerveau. Et après, avec son cerveau tout neuf, il a jamais pensé à se faire refaire la gueule ?).
Et déblatérer sur le match précédent, tout en commençant à pronostiquer la branlée du match suivant. Parce que bon, ok, le Mozambique c'était facile, mais le prochain match contre ces chouineuses d'Espagnols, ça va être autre chose ("moi je dis 3-0 pour l'Espagne").
Et chouiner le soir venu devant sa télé parce qu'on a effectivement pris une branlée, et se réjouir le lendemain à la machine-à-café, en rigolant à l'unisson sur cette bande de connards trop payés, et puis de toute façon on n'a jamais vraiment compris l'intérêt de courir après une baballe, et si on a regardé le match c'est uniquement parce que les gosses le voulaient.

Un mois comme ça. Tous les quatre ans. A se comporter en Footix.
Putain, qu'est-ce que c'est bon...


Alors pour tout ça, et parce que de toute façon demain matin on leur crachera à la gueule quel que soit le résultat, il faut que l'équipe de France se qualifie pour le Mondial.

 


Surtout qu'on n'est pas sûr qu'Evelyne Dhéliat tiennne jusqu'en 2018...



 


 

 




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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 09:28

 

 

Encore un concours, avec des airs de défi littéraire kikoolol.

La consigne :
"Ecrire une nouvelle utilisant une expression figurée contenant une partie du corps, quelle qu’elle soit, qui devra être prise dans son sens le plus littéral. Ainsi il peut être question de quelqu’un qui a réellement la tête à l’envers, mais aussi pourquoi pas le cœur sur la main, un pied dans la tombe… tout cela à la fois ou d’autres encore !"


Alors forcément, quand on est taquin on essaie d'en caser un maximum...

 

 


 

 

 

A l'origine étaient une dizaine de primates de tous sexes, mais principalement deux. Ils passaient leur temps de parole à se singer, se chercher des poux, se crêper le chignon en se mettant des bâtons dans les roux, se jeter des peaux de banane, … On se serait cru à la Foire du Trône, et c'était d'ailleurs le cas.
Tous leurs discours se valaient, et expliquaient en substance que, parce que c'était  pire avant, ça ne serait pas mieux demain. Les plus optimistes clamaient qu'on en serait bientôt réduits à se manger entre nous. Les pessimistes pensaient qu'il n'y en aurait même pas assez pour tout le monde.
Les électeurs, eux, tergiversaient. Valait-il mieux voter pour l'austérité ou opter pour la rigueur ? Il était acquis que le pays était en train de prendre l'eau, il fallait donc choisir, parmi les candidats, celui qui offrait le meilleur profil de baudruche, celui qui  fluctuait sans mergiturer.

C'est finalement à l'issue d'un concours de bras de fer, comme le stipulait la Nouvelle Constitution décidée la veille, que furent désignés les deux finalistes : un ancien métallurgiste boiteux (à cause d'un cheville ouvrière) représenterait les idées des gauches, tandis qu'un homme d'à-fer au bras long porterait les opinions des mal-à-droite. Et c'était reparti pour deux semaines de battage de campagne et de rebattage d'oreilles…
Cette Nouvelle Constitution avait bazardé toute notion de vote, au prétexte que les électeurs sont des crétins. Ce qui n'est pas totalement dénué de sens, puisqu'on a tous dans notre entourage des gens qui sont bas du front, et qui pourtant votent. Ah, si tout le monde était comme nous… Mais il y a "nous", et il y a "on". Et "on" est un con (article B-14 de la Nouvelle Constitution). Les officiels en étaient arrivés à une telle conclusion en constatant le fait suivant : lors des précédentes élections, parmi les gens qui avaient donné leur suffrage pour celui qui devenait par la suite Président, une grande majorité d'entre eux regrettaient rapidement leur choix. C'est dire si "on" est crétin.
Ainsi, les gens continuaient à exprimer leur avis, mais cela n'avait que valeur de sondage. Ce qui ne changeait finalement pas grand-chose au problème, puisque nous savons tous que les sondages nous mentent. Les sondages "nous" mentent, mais "on" ne peut pas s'empêcher de les commenter malgré tout…
Afin d'inciter les gens à exprimer massivement leur opinion, et ainsi montrer au reste du Monde que nous sommes une terre de démocratie, un système de paris avait était instauré. On s'aperçut alors que les gens votaient non plus en fonction de leurs propres opinions, mais en fonction des opinions qu'ils supposaient des autres. Les "autres" qui, eux-mêmes, ces crétins, s'exprimaient par rapport aux idées qu'ils nous prêtaient. Preuve qu'ils sont crétins, et qu'"on" ne vaut pas mieux qu'un "autre". Désormais, on votait comme on parie sur un bourricot dans la sixième au Prix de la République…
Parmi les deux candidats restant en course, c'est donc à pique-nique-douille que fut désignée l'andouille qui ferait office de Président pour le prochain septennat de cinq ans.

Ce Nouveau-Président n'eut pas vraiment le temps de se réjouir. Tout d'abord parce qu'il avait perdu beaucoup d'argent en misant sur son concurrent (persuadé, comme tout un chacun, que c'était l'autre qui était l'andouille), mais surtout parce qu'il devenait le malheureux gérant de la crise-sans-précédent. La crise-sans-précédent était un terme inventé par les journalistes pour désigner la pire crise financière que l'on ait connue depuis la dernière crise-sans-précédent en date. En plus de sa photo dans la mairie et d'un appartement meublé rue de l'Elysée, le Nouveau-Président avait donc hérité d'une splendide mauvaise gestion des gouvernements précédents, tous les gouvernements précédents sans exception, sauf ceux de son parti. 
La monnaie locale ne valait plus grand-chose, et c'est peu. Surtout que dans le même temps, tout augmentait, surtout l'inflation. Ce qui auparavant coûtait un bras, valait aujourd'hui un rein. En matière de santé, par exemple, une simple visite chez l'oculiste coutait les yeux de la tête. Et inutile, pour celui qui avait à peine de quoi se caler une dent creuse, d'espérer se soigner une carie : les frais de bouche risquaient de lui rester en travers de la gorge.
Si l'ancien Nouveau-Président avait prôné la valeur des heures supplémentaires comme remède à la sinistrose ("Pendant qu'ils sont au turbin, les pauvres bougres n'ont pas le temps de penser à leur triste condition"), le nouveau Nouveau-Président  clamait que pour survivre dans cette crise-sans-précédent, il allait falloir donner de soi. L'ancien voulait que l'on ait la tête au travail, le nouveau conseillait d'avoir la tête de l'emploi. Gagner sa vie à la sueur de son front, dont le litre se négociait à peine plus cher que la roupie de sansonnet. Ceux qui comptaient parmi les improductifs, ces salauds de fainéants, n'avaient plus qu'à vendre le poil qu'ils ont dans la main. Les cadres supérieurs, victimes perpétuelles du stress au travail, négociaient avec les imprimeurs de bonnes raisons de se faire un sang d'encre. Chacun en était réduit à exercer le plus vieux métier du monde : faire commerce de son corps. Et si toutefois vous refusiez ce nouveau système commercial, vous pouviez toujours vous tirer les vers du nez et partir à la pêche.

Petit à petit, ce nouveau commerce s'avéra très lucratif pour ceux qui savaient en tirer parties. Ainsi, celui qui avait le bras long ou le pied lourd n'y allait pas de main morte sur les tarifs. Les bons négociateurs coupaient les cheveux en quatre pour quadrupler les recettes. Les vantards avaient les chevilles qui enflent, ils pouvaient ainsi gonfler les prix. Le maquignon cupide prenait l'estomac dans l'étalon, pour le revendre au mètre.
Afin de tirer le meilleur de chacun, de nouveaux métiers étaient apparus : le coupe-gorge, le tord-boyaux, le cache-nez, le vire-langue, l'arracheur de dents, le crève-cœur, le cale-pied, ou encore le casse-tête. Les curés exerçaient  désormais des professions de foie, ce qui leur permettait de remplir les troncs. La convoitise poussa les voleurs à piquer du nez ou à tirer la langue. Mais la peine de mort était encore de rigueur, et les brigands avaient intérêts à être sûrs de leur cou s'ils voulaient garder la tête sur les épaules.
Tous ces échanges d'organes avaient fini par générer des monstres difformes. Les plus pauvres, dépouillés de leurs membres, étaient devenus des légumes : il n'était pas rare de rencontrer un nécessiteux avec une tête d'ail ou un cœur d'artichaut. Et même si vous aviez des poignets d'oseilles, vous n'étiez pas riche pour autant : tout au mieux, cela vous permettait de faire la soupe à la grimace…

Plus que tous les autres, un homme avait su tirer profit de cette nouvelle forme de commerce, et avait fait fortune grâce au jeu. Il écumait les concours de poker déshabilleur, où nombre de ses adversaires y laissèrent leur peau. Ceux qui n'avaient pas de mise finissaient à poil. Quelques audacieux tentaient de jeter un œil, pour voir. D'autres proposaient un joli jeu de jambes. Mais irrémédiablement, notre homme surenchérissait par une quinte de toux, vous promettait la lune, et vous laissait cul par-dessus tête, sans dessous dessus, tout nu.

On avait banni l'argent, mais grâce au jeu, voici un homme qui avait réussi à se faire une paire. En or.

 

 

 

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17 septembre 2013 2 17 /09 /septembre /2013 10:37

 

 

Texte commis sans excuse valable, pas même celle du concours de circonstances.

 

 

 

 

 

 



Bon alors, qu'est-ce qu'elle branle, on va pas y passer la nuit…
 
-  Tu te remarieras, quand je serais morte ?
 
Ah ben si, on risque d'y passer la nuit…

Comme ça, hop, sans prévenir ? Je l'avais pas vu arriver, la soirée "Arrête ton sarcasme, je plaisante pas, on peut jamais parler sérieusement avec toi, j'ai besoin de savoir". Je sais pas ce que je lui ai fait, mais elle a apparemment envie de me le faire payer. Et de tirer la gueule pour rien.

Bon, gagner du temps…

-  Pourquoi tu demandes ça ?


-  J'ai besoin de savoir.


Trois secondes de gagnées.


Ok, je m'attendais à un marathon, ça va être un cent-dix mètres haies.

 

-  C'est une façon de m'annoncer  que t'as un cancer du sein ?

Première haie passée, garder le rythme, ne pas allonger la foulée.

-  J'ai besoin de savoir.

Coup de pistolet, faux départ, retour dans les starting-blocks.

-  Je dois répondre ce soir ou tu penses être encore vivante demain ?

Silence, moue dégoûtée, haussements d'épaules. Elle demande le ralenti, refuse le faux-départ, "I did not move !".

Se reconcentrer, rester dans sa course, ne pas regarder le couloir d'à côté.

Elle refuse de reprendre le départ, attend que la partie reprenne là où elle s'était arrêtée.

Penser à se désaltérer.

-  Ok… Je vais me chercher une bière. Tu veux quelque chose ?

-  Non.

Gagner du temps, prendre une bouteille au fond du frigo, remuer des ustensiles dans le tiroir.

-  T'as pas vu le décapsuleur ?

-  Dans le tiroir.

-  T'AS PAS VU LE DEC..

-  DANS LE TIROIR !

 

 

Bénéfice quasi nul. Il me reste :

  • aller chercher une autre bière. Gain estimé : trente secondes (je suis censé savoir où est le décapsuleur)

  • aller pisser (après les 2 bières) : quatre minutes.

  • bâiller : cinq secondes.

  • prétexter que j'ai entendu pleurer un des gosses : on n'a pas de gosses.


 Oui mais :

-  Je pense que je me remarierai, ne serait-ce que par rapport aux enfants.

-  Mais on n'a pas d'enfants.

-  Ah parce que tu comptes vraiment mourir dans moins de 9 mois ?

 

Hop, changement de discipline, renvoi aux vingt-deux. Si ça construit pas, ça débarrasse.

N'empêche que… Est-ce que je me remarierais ? Bonne question, tiens ! Enfin non, la seule question à se poser est "est-ce que je pourrais à nouveau tomber amoureux ?". C'est pire…

 
-  Admettons que je meure à cinquante ans, tu te remarierais ?

Cinquante c'est bâtard. C'est assez vieux pour avoir vécu. Suffisant pour être malheureux à vie, pour avoir partagé trop de choses et pour craindre (en tant que mâle) ne plus pouvoir bander assez pour appuyer les premiers mois d'une relation amoureuse sur l'osmose sexuelle. Mais c'est aussi trop jeune pour être veuf, pour abdiquer et abandonner l'idée de refaire le peu-qu'il-nous-reste à deux. Du coup, cinquante ans, je dis qu'il faut voir, ça mérite réflexion.

-  Alors ? Tu réfléchis au plan de table ?

-  Arrête ton sarcasme, on peut jamais parler sérieusement, avec toi…

Re-hop, pleine lucarne ! Popopo, quelle contre-attaque magistrale ! "Alors qu'on le croyait acculé à son but, voilà qu'en deux touches de balle il se projette vers l'avant et, d'une frappe imparable, crucifie le gardien qui ne s'attendait pas à pareille audace. Une action de bien grande classe, ma foi !". Il me prend l'envie de faire le tour du salon en courant, bras levés et mains s'agitant en l'air façon Giresse 82, puis de conclure par une glissade sur les genoux pour venir me planter devant elle, tête rejetée en arrière, bras en croix, le public scandant mon nom…

-  Vas-y, ne te gêne pas, fais-le ton tour d'honneur ! Cours autour de la table, crache-moi ton bonheur au visage. Et puis poste notre échange sur Facebook, tu crèves d'envie que tes amis likent ta répartie, t'auras sûrement même droit à un "mdr koman tu l'a dechirai".

Pfff, chiennasse, on verra bien quand on aura des gosses : dès que l'un deux sortira une phrase trop culte, trop percutante, trop il-est-intelligent-mon-fils, et que tu te précipiteras sur ton iPhone pour partager ça avec tes amis, avant même d'avoir pu la partager avec moi.

Si tu crois que je vais te compter un point sur ce coup-à, tu peux toujours courir sur le haricot !

-  C'est sûr que si c'est à cinquante ans et qu'un coup de foudre s'abat sur moi sans prévenir - parce que je sais que je ne ferai rien pour retomber amoureux - alors oui, la question se pose…

-  Mais tu resterais amoureux de moi éternellement ? Tu considérerais ta nouvelle conquête comme ma remplaçante, tu serais amoureux d'elle par défaut ?

Purée de purée, je suis pas nécrophile, crois pas que je vais aller me masturber sur ta tombe. Probablement que oui, que je la prendrais comme une liaison au rabais, que je considèrerais cette fille comme un substitut, une assistante de vie sentimentale pour m'accompagner jusqu'à ma propre mort. Mais je ne peux pas répondre ça, ce serait lui laisser à penser que je peux être amoureux sans vraiment être amoureux, que je peux me marier avec une fille tout en lui préférant sa prédécesseure. C'est tendre le bâton pour me le faire mettre dans les roues.

Attention, se la jouer finaude. Lui lancer la baballe le temps d'échafauder une réponse philosophique. Ou de mauvaise foi.

Plutôt de mauvaise foi.

-  Je suppose que toi tu préfèrerais que je me remarie, que tu m'interdis de garder le chagrin le restant de ma vie, que j'ai le devoir de ne pas me gâcher, que mon corps est fait pour être aimé, chéri. Et puis c'est tout bénèf pour toi, comme ça si je meure en premier tu peux te remarier sans vergogne, puisque c'est ce que j'aurais fait dans la situation contraire…

Allez, va chercher ! Bonne chance, c'est une balle rebondissante, à trajectoire variable, elle peut revenir te cogner la truffe à n'importe quel moment.

Bon, j'ai le temps pour une autre bière.

-  Tu veux toujours rien dans la cuisine ?

-  Non merci.

Houla, ça descend vite les bières ! On l'a acheté quand, ce pack ? Sûrement samedi, c'est le samedi qu'on achète des bières. Donc y'a quatre jours. Ah oui, quand même ! Un pack de vingt-quatre, en plus ! J'espère qu'elle en boit quand je suis absent.

-  En fait je veux bien du chocolat.

-  Tu pouvais pas le dire quand je te l'ai demandé ?

-  Quand tu me l'as demandé, j'en voulais pas. Là j'ai envie. On n'a pas le droit de changer d'avis ?

-  Si, mais on a aussi le droit de le faire quand je suis debout.

On n'a pas le droit de changer d'avis, c'est quoi cette question pourrie ? Ça commence à sentir la mauvaise foi, la victimisation et les accusations gratuites. Qu'est-ce qu'elle va me sortir encore comme pirouette ? Purée de merde, mais qu'ai-je fait pour mériter ça ?

-  Moi je ne me remarierais pas, parce que je sais que je serais plus heureuse seule. Mais toi, je sais que tu serais plus heureux en te remariant. Et tu as raison, je te demande de te remarier quand je serai morte. Tu n'as pas le droit de ne pas le faire.

-  Alors toi tu n'as pas le droit de mourir avant d'avoir quatre-vingts ans.

-  Soixante-dix.

-  Quatre-vingts.

-  Je vais me coucher, tu me rejoins ?

-  J'arrive…

Et voilà, tout ça pour ça. Je sais que ça va cogiter dur, que chacune de mes réponses va être analysée à froid, passée au révélateur de la nuit porteuse de conseils, je sais que tout ce que j'ai dit ce soir sera retenu contre moi et utilisé comme arme d'attaque bien plus tard.

En attendant c'est encore une partie qu'elle ne terminera pas. Comme par hasard, encore une partie que je gagnais.

Bon, fais voir son chevalet, qu'est-ce qu'elle avait comme jeu ? VOITURE, scrabble qu'elle aurait pu placer sur le compte triple… si je ne lui avais pas pris la place avec mon SOLEX. Bon, ça me rassure, je comprends mieux ce qu'elle avait à me reprocher et pourquoi elle était contrariée.

J'ai pas à m'en vouloir, elle n'aurait sûrement pas pu mettre son mot même si je lui avais laissé la place : elle n'a jamais su faire un créneau.

 

 

 

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12 septembre 2013 4 12 /09 /septembre /2013 14:45


Ecrit pour un concours dont je ne me souviens plus du thème ni de ce qu'il y avait à gagner. Mais je me rappelle parfaitement avoir été hors-sujet et avoir perdu.

 

 

 

Je m’appelle Laura Seymour. Je suis une romancière reconnue, mes livres se vendent sans difficulté et certains obtiennent des prix dans des concours organisés par des magazines féminins. Et j’ai tué un homme. Le crime parfait : on a retrouvé le corps, on connaît l’identité de l’assassin, mais on ne m’a jamais soupçonnée.
Mon éditeur est un pauvre type. Un sale macho qui commence à voir d’un mauvais œil le fait que je m’enferme, selon lui, dans un style peu flatteur : le roman à l’eau-de-rose. Il me serine sur mes héroïnes déçues par les hommes ou plutôt, à en croire son jugement exempt de tout propos sexiste (n'en doutons pas…), par des caricatures d’hommes. Bien sûr, à la fin elles découvrent le Grand Amour, le type à dix contre un, mais nanti d’une beauté intérieure aussi avantageuse que son physique, si on y regarde bien. Et le bellâtre du début, celui qui jouait la sérénade sous le balcon et promettait monts et merveilles, mais qui se barre avec la première greluche lui montrant ses genoux, ce fieffé crétin là se retrouve le bec dans l’eau avec obligation d’y réfléchir à deux fois le prochain coup.
Je suis parfaitement lucide sur mon œuvre. Je sais combien je joue avec le romanesque, j’ai conscience des attentes de mon lectorat et je ne fais que lui fournir sa came, le petit rail de coke qui lui fera briller les yeux. Je n’ai aucun doute sur le fait que la vraie vie est bien plus cruelle, et aussi bien plus simple, et qu’on s’entiche plus facilement de l’étalon donné favori que du bourricot outsider avec de la beauté à l'intérieur. Mes histoires donnent des leçons de vie, parlent des apparences, de la sincérité, de l’apprentissage de l’amour, et à la lecture de mes romans on estime connaître un peu mieux l’humain et ses travers. On se promet alors qu’on appliquera ces préceptes, car la vie est tellement plus belle lorsqu’elle se déroule comme dans un livre. Mais au final, plutôt que d’aller regarder ce qui brille dans le caillou, on va irrémédiablement chercher à voir comment on pourra s’accommoder du diamant. Personne n’est dupe, tout le monde y trouve son compte mais il faut croire que mon éditeur est un homme d’une rare acuité intellectuelle, puisqu’il estime que je vaux mieux que ça. Il aimerait que je profite de ma notoriété pour me lancer dans le polar. Et pour ça il a eu une idée de génie : raconter les enquêtes d’un privé, un type qui serait un peu alcoolo, un peu mal rasé, un peu bagarreur, et qui tomberait toutes les femmes qui croisent son chemin.
Mon éditeur est donc un crétin d'eau douce, mais il ne m’a pas vraiment laissé le choix, arguant du fait qu’il en allait de la renommée de la maison d’édition. J’ai donc fini par céder à son baratin et me suis lancée dans l’écriture d’un polar.

S’il m’était assez confortable de me glisser dans la peau des héroïnes de mes précédents romans, j’ai eu en revanche toutes les difficultés du monde à faire vivre mon détective. Autant je pouvais aisément m’identifier à la nunuche qui couche le premier soir et n’entend plus parler du play-boy dès le lendemain matin, autant j’endossais difficilement la panoplie du parfait macho saoulard et qui se veut spirituel dès qu’il ouvre la bouche. Alors pour tenter d’évoluer dans des eaux moins troubles, j’ai brossé le portrait-robot de l’indéfectible Casanova de mes précédentes histoires et lui ai adjoint l’intelligence, l’impertinence et la répartie de mes habituelles héroïnes. J’obtins un type avec la classe naturelle d’un Georges Clooney, le charisme impertinent et la descente de Charles Bukowski, le corps d’Iggy Pop et aussi spirituel que Woody Allen. Je venais ni plus ni moins de réinventer James Bond. Un homme comme on les aime, qui déclenche des gloussements flattés chez les femmes à qui il pince les fesses et provoque des crises aiguës d'apoplexie quand il s'allume un cigarillo. J'en fus même reconnaissante à cet idiot d'éditeur de m'avoir permis cet exercice de style qui sortait de mes caricatures de pétasses.
Je prêtai à mon héros des accessoires tels qu'un appartement sur Broadway, un Beretta planqué dans le tiroir, un borsalino sombre et une mère au téléphone. Je le baptisai Lew Brockman, parce qu'un détective s'appelle Lew ou Jon, et parce que Brockman est un nom qui fait brun ténébreux. Et je lui confiai une enquête avec mari disparu et femme éplorée.

Bien sûr, la veuve (on avait rapidement retrouvé Paul Rutherford, le mari disparu, à l'arrière d'une Pontiac, une balle logée entre les omoplates) s'était très vite retrouvée dans le lit du détective. Je pris un délicieux plaisir à décrire la scène d'amour, avec au programme orgasmes multiples, corps à corps langoureux, mots doux glissés à l'oreille et cigarette de l'après, partagée sur le balcon. Le Lew était entré dans la bergerie et les brebis allaient se jeter dans sa gueule grande ouverte avec l'énergie du désespoir.
Ce fut ensuite Angela, la tenancière d'un boxon sur la cinquième et dont le macchabée était client, qui tomba sous les charmes de mon détective. Puis ce fut au tour d'une mystérieuse héroïnomane de connaître la couche de Brockman. Il découvrit un peu plut tard qu'elle n'était autre que la fille en première noce de Madame veuve Rutherford. Après qu'il a eu donné du poing avec le dealer de la junkie, débarqua une dénommée Lisa, serveuse dans un club obscur, et qui ne put résister aux charmes de mon héros. Mais je crois que c'est lorsqu'intervint Marion, la maîtresse, que je compris que j'étais jalouse de toutes ces femmes.

J'avais beau retourner le problème dans tous les sens et faire connaître à Lew son premier camouflet (une biture au bourbon qui l'amena à faire du grabuge dans la rue et à se faire coffrer deux jours par ce salopard d'agent Vince Conelly pour barouf caractérisé), le fait est que j'étais tombée amoureuse de mon gaillard. Et cela n'avait rien à voir avec la passion qui peut classiquement unir un artiste à son œuvre. Non, j'étais face à l'amour le plus évident qu'une femme puisse éprouver pour un homme. Des papillons voletaient dans mon ventre dès que je pensais à lui (donc tout le temps), une myriade de poignards se plantaient dans mon cœur s'il regardait une autre fille (donc tout le temps), les larmes inondaient mon lit lorsqu'il n'y était pas. Donc tout le temps. Aucun homme n'avait suscité chez moi autant de sentiments extrêmes, et il avait beau souffrir de tous les défauts dont je l'affublais, force était de constater que j'en étais raide dingue. J'étais devenue malgré moi une de mes héroïnes guimauves qui s'amourachent pour un sourire carnassier. A la différence près que je jouissais du pouvoir fantasmé de modeler mon Apollon comme bon me semblait. Il ne tenait qu'à moi de susciter chez lui la réciprocité des sentiments. Lew allait tomber amoureux de moi car j'en avais décidé ainsi.

Je lui collai donc Marion dans les pattes, ou plutôt dans les bras. Marion avait été la maîtresse officielle de Rutherford. Rien de passionnel bien sûr, pas plus qu'elle n'était intéressée par son argent, mais elle entretenait avec lui une relation durable pour des raisons que Lew allait s'appliquer à découvrir dans les dernières pages. De toute évidence, cette femme était mon alter-ego. Je l'avais façonnée à mon image, ou tout du moins à l'image que je me faisais de moi, en toute objectivité : sensuelle, fatale, et dotée d'une force intérieure qui masquait une trop grande sensiblerie affective.
Elle ne succomba pas immédiatement aux charmes de Lew. En tous cas, elle n'en montra rien. Mais parallèlement à ses manœuvres d'approche, l'enquête de Lew avançait. Et plus il en découvrait sur la vie de la jeune femme, plus il avait la certitude qu'elle avait dû traîner près d'une Pontiac avec une arme à feu à la main. Et plus il la désignait comme coupable, plus il en devenait amoureux.
De mon côté, je découvrais la sensibilité de Lew, je m'étonnais de son acuité intellectuelle et je sentais plus que jamais que le double piège se refermait sur moi. Aucun homme n'était jamais parvenu à faire la lumière sur mes zones d'ombre et voilà que ce type était sur le point de confondre Marion et de mettre à nu sa personnalité. De me mettre à nu. Et je craignais l'effeuillage final.
Dès lors, elle et moi devions nous accaparer Lew avant que ce ne soit lui qui nous mette le grappin dessus.

Lew Brockman avait donné rendez-vous à Marion chez lui, dans sa garçonnière. Il avait des choses à mettre au point avec elle, lui avait-il dit au téléphone. Elle se présenta à lui encore plus belle, encore plus fatale que d'habitude. Lew n'eut pas le temps de lui proposer un café que déjà ses lèvres se posaient sur celles de sa nouvelle amante, tandis que sa main experte se jouait de la fermeture éclair de ma robe. Il l'entraîna dans sa chambre et nous fîmes l'amour plusieurs fois, sans relâche, sans échanger un mot. Alors que je reprenais mon souffle, il devint subitement plus grave et entreprit d'aborder le sujet pour lequel il l'avait fait venir. Il n'en eut ni le temps ni le loisir car le corps de Marion décupla subitement, et l'amante devint religieuse.
Je le dévorai tout cru et refermai mon roman en laissant Marion aux mains de la Justice.

Mon éditeur faillit s'étouffer à la lecture du manuscrit. Il me le balança au visage en me hurlant que c'était nullissime, que la fin était bâclée, qu'il ne manquait plus que les petits hommes verts et Godzilla, et que c'était une vision ultra-féministe des relations amoureuses. Curieusement, il n'avait jamais rien trouvé à redire sur la condition de la femme dans mes précédents romans…
Il fut retrouvé quelques jours plus tard dans mon nouveau manuscrit, à l'arrière d'une Pontiac, une balle logée entre les omoplates.

 

 

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13 août 2013 2 13 /08 /août /2013 10:17

 

Encore un ancien texte, écrit pour un concours sur le thème "Jeunesse".

 

 

 

 

 

Ça a commencé comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. J'avais souvent vu faire, mais toujours j'avais fermé ma gueule. Ou alors pour donner dans le faux témoignage, pour balancer des noms, pas les bons. Ça leur a plu, aux deux autres compères, ils m'ont tout de suite trouvé des airs d'accointance. Ils cherchaient un troisième larron, un type sûr, avec lequel perpétrer toutes leurs conneries. L'union fait la farce, en quelque sorte. Et en la matière, on peut dire qu'on a perpétré.
On s'est jamais fait pincer. Y'a souvent eu anguille sous roche, surtout avec les vendeurs à la criée qui nous servent de colocataires, mais on a toujours réussi à passer entre les mailles du filet. Jusqu'à cette fois là…

Quand Marco s'est glissé dans ma chambre, j'étais sous ma couette en train de me tripoter sur un bouquin de fesses, à la lueur de ma lampe-torche. Le halo palissait les visages et les corps, déformait les contours, suggérait d'autres abattis. Il fallait faire un bel effort d'imagination pour y trouver de l'érotisme, mais la teneur de l'excitation résidait plus dans l'interdit de la manœuvre que dans l'esthétique des corps. Marco a dû gauler mes mouvements frénétiques, car il s'est marré quand j'ai émergé de ma planque, les cheveux en bataille et l'œil brillant. J'allais avoir du mal à lui faire croire que je feuilletais un album de timbres.
"Ben alors, sale pervers !", il m'a lancé, bravache. Je lui ai fait un signe de tête en direction du gros Jojo qui pionçait dans le lit voisin. Jojo, c'est un sale fayot, Balance ascendant Vipère, c'est la taupe à la solde des chefs de l'établissement. On a pourtant souvent essayé de lui faire passer le goût de la collaboration - en le tabassant dans les douches à coups de serviettes mouillées sur les reins, par exemple - mais rien n'y fait, faut toujours qu'il ramène sa fraise sur les activités plus ou moins licites de ses camarades. Armand a promis qu'un jour on le crèverait, et connaissant Armand, il se pourrait bien que ce ne soit pas seulement des paroles en l'air. A sa décharge, il a de sérieuses raisons d'en vouloir à l'intégrité physique du gros Jojo : il a été puni à plusieurs reprises par le dirlo, après avoir été dénoncé pour fumette dans sa chambre ou lâcher de boulettes puantes au réfectoire. A chaque fois, de solides éléments accusaient Jojo d'être à l'origine des fuites; sa mine réjouie du bon gros con qui vient de signaler son voisin juif laissant rarement la place au doute. Ce n'était donc plus une dent qu'Armand avait contre lui, mais tout un râtelier.

Marco m'a balancé mes fringues et m'a fait signe de le rejoindre dans le couloir. Juste avant de sortir de la chambre, il a raclé tout ce qu'il avait dans le nez et la gorge, et a balancé un gros glaviot sur les couvertures de mon coloc. La nuit s'annonçait sous les meilleurs auspices.
Dans le couloir, j'ai rejoint Marco et Armand, qui était resté à faire le guet. "La voie est libre, le gardien est devant Columbo", il nous a annoncé. Comme des chats noirs, on a glissé nos ombres le long des murs. En passant devant la loge éteinte du gardien, que seuls quelques flashs cathodiques illuminaient par intermittence, on a perçu les ronflements de celui-ci, à peine recouverts par la voix faussement nigaude de l'inspecteur en imper. C'était déconcertant de facilité de se faire la belle de ce bâtiment, même avec Columbo dans les parages.

Arrivés à l'extérieur, on s'est précipités vers le fond du parc, à la lisière de la forêt. De derrière un bosquet, Armand a mis au jour trois packs de bières. On a liquidé le premier assez rapidement, histoire de se mettre en jambes. Puis on a aligné les cannettes, on a reculé d'un mètre, et on  a pissé dedans. Mais surtout à côté. On commençait à se marrer bêtement, et c'était plutôt bon signe.
Quand on fait le mur, comme ça, on n'a jamais vraiment d'idées précises du programme qui nous attend. Et chaque fois, on finit par errer dans les rues du village, à la recherche de la connerie à faire. On ravage des parterres de fleurs, on renverse les poubelles, on retourne les rétros des bagnoles, on sonne chez les gens et on se barre. Une fois, on a même failli se faire choper. Le propriétaire de la maison venait sûrement de se lever pour pisser, parce que la lumière s'est allumée aussitôt qu'on a pressé la sonnette. On n'a pas vraiment eu le temps de détaler, alors on est allés s'asseoir sagement sur le banc, de l'autre côté de la rue. Le type a surgi de la maison, furax. On a pointé le doigt vers le bout de la rue, et comme on présente plutôt bien, il a suivi nos indications sans sourciller, et s'est mis à courir, en slip, après le spectre d'un fuyard. Qu'est-ce qu'on a pu se marrer.
En général, c'est Marco qui propose un plan. C'est un peu le chef de la bande, il a une autorité naturelle, une âme de leader. Jamais directif, mais toujours ingénieux quand il s'agit d'inventer de nouvelles conneries à faire. Ce soir là, il a proposé d'aller se faire l'échoppe du Père Poissard. C'est l'épicier du coin, il doit avoir dans les 130 ans, et il est plus sénile que Giscard sous Prozac. Et surtout, il est sourd comme un pot fêlé. Le jeu de tout le monde, dans le bled, c'est de pénétrer dans son épicerie en faisant un grand pas sur le côté, pour ne pas marcher sur le paillasson sous lequel est caché le dispositif qui déclenche la sonnette. Du coup il ne nous entend pas entrer, il reste dans sa cuisine dont la porte ouverte donne sur le magasin. Et pendant qu'il s'abrutit devant TF1, on peut tranquillement lui piller ses stocks. On se remplit les poches de sucreries, de bières, de magazines, et on ressort en prenant bien soin de piétiner le tapis. Alors il se radine la gueule enfarinée, en braillant "Voilà voilà, j'arrive !" ; nous on est déjà bien loin. Il se retrouve tout seul dans son magasin, comme un con, à chercher partout son client. Dans le domaine de la franche poilade, on n'a rien inventé de plus efficace.

On s'est donc dirigés vers son épicerie en vidant nos bouteilles. Arrivés à destination, Armand nous a fait signe de patienter. Il est allé s'accroupir devant la boutique, s'est défroqué, et a chié sur le seuil de la porte. Avec Marco, on se tenait les côtes. On avait rarement fait aussi potache dans la connerie. Puis on a balancé nos cannettes dans la vitrine. Les carreaux devaient être aussi anciens que le propriétaire, à mon avis ils ne tenaient debout que par la couche de crasse qui les recouvrait. Ça  a pété comme un jour d'ouverture de la chasse.
A coups de tatanes, on a viré les morceaux de verre qui dépassaient, et on s'est engouffrés dans le magasin. On s'est chargés de bouteilles et de bouquins de cul, et on a détalé sous les hurlements des chiens du quartier. Y'avait intérêt à pas trop traîner, les autochtones ont tendance à sortit le fusil pour tirer à vue dès lors qu'ils se sentent avertis d'un danger par les aboiements de leurs clébards.

On a viré encore quelque temps dans les rues, histoire de prendre la température de la nuit, puis quand on n'a eu plus rien à boire ou à balancer, on a refait le mur dans l'autre sens. On s'est installés sur un banc, dans le parc, et Marco a fait tourner un joint. C'est un des surveillants, converti à la médication par les plantes, qui le fournit. Et là, c'était pas de l'herbe de tonte, qu'il nous a sortie. Du premier choix, ça nous a mis la tête dans tous les sens et le sourire niais sur toute la tronche. Armand a entrepris de nous mimer le Père Poissard réveillé en pleine nuit, qui débarque en pyjama dans son épicerie en braillant "Voilà voilà, j'arrive !", puis qui va se coller les pantoufles dans le cadeau laissé sur le pas de sa porte. Avec Marco, on se serait fait dessus, si on avait encore eu quelque chose à pisser.
Quand on a de nouveau été en état de marcher, on s'est levés et on a réintégré les piaules. C'est là que ça a commencé à merder…

En arrivant dans ma chambre, j'ai trouvé le gros Jojo assis dans son lit. Il était en train d'étudier le glaviot sur sa couette, et il tirait la tronche du mec qui apprécie moyen. En me voyant rentrer en douce, en pleine nuit, il a vite fait le rapprochement. Alors il s'est mis à poser des questions, à parler fort, à bafouiller des conneries. Ça a alerté mes deux potes, qui ont rappliqué dans la chambre et lui ont demandé de fermer son clapet. C'est l'effet inverse qui s'est produit, Jojo a commencé à grouiner comme un cochon qu'on vide de ses tripes. Armand n'a pas cherché à négocier plus longtemps : il s'est saisi de mon oreiller et l'a appliqué sur le visage du porcinet. Il a appuyé jusqu'à ce qu'on ne l'entende plus et qu'il se soit arrêté de gigoter. Marco a tâté son poignet, et d'un hochement de tête il a confirmé notre pressentiment.
Alors on a tous les trois regagné nos lits. On a eu du mal à trouver le sommeil, faut dire qu'on venait de dessouler d'un seul coup.

Le lendemain, il y a eu un peu d'agitation, comme toujours quand on en retrouve un de clamsé. On est pourtant habitués au passage de la Faucheuse. Mais en général, quand elle vient visiter l'un de nous, elle prend soin de s'essuyer les pieds avant d'entrer dans la chambre. Là, les traces de godillots partout autour du lit du macchabée, ça a forcément éveillé la suspicion. Autant que les cannettes qu'on a retrouvées dans le parc, et que les flics ont vite rapprochées de celles découvertes au milieu des débris de verre de la boutique du Père Poissard.
Donc oui, tout ça a causé un peu d'effervescence dans l'établissement, encore plus que les jours de visites des familles.

Juste après le repas, vers 17h30, on était en salle télé devant Questions pour un Champion, quand la surveillante principale est venue nous annoncer qu'on était convoqués, mes deux potes et moi, dans le bureau du dirlo. On n'avait jamais rien dit, mais nos passifs semblaient avoir parlé pour nous.
Les flics étaient là, le dirlo nous a expliqué qu'il avait prévenu nos enfants et qu'on allait être emmenés au poste. J'ai jeté un œil à mes potes, plus que jamais mes complices. Ils en menaient pas large, ça se voyait dans leurs larmes.
Je crois que depuis le temps que je les connais, je les avais jamais vues pleurer, mes deux vieilles carnes.

 

 

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7 août 2013 3 07 /08 /août /2013 10:30

 

Deuxième texte exhumé du répertoire "<textes à donner à mon éditeur après ma mort pour qu'il se fasse de l'argent sur ma dépouille encore tiède>". Ce fumier.

Donc le thème du concours était :

 

Alors qu’elle s’apprête à quitter définitivement sa maison, une personne (homme ou femme) reçoit un courrier posté six mois plus tôt. Décrivez les bouleversements engendrés par le retard de cette missive. 


C'est vrai que ça ressemble plus à un sujet de rédaction de collégien qu'à un concours de nouvelles pour grands écrivains, et c'est bien pour ça que j'ai participé.

Et pas gagné.

 

 

 

 

 

 

Aussi inébranlable que l'axiome affirmant qu'une tartine tombera toujours sur le sol côté beurre, est le postulat définissant qu'il pleut le jour où l'on déménage. Et son corollaire est que les vêtements de pluie sont dans le premier carton chargé au fond du camion, recouvert par d'autres cartons et par la moitié de l'électroménager. L'autre moitié, elle, est entassée dehors et patauge dans la flotte. Gérald, le futur ex-propriétaire des lieux, pare au plus pressé : il soulève un carton, celui-ci, détrempé, cède, le magnétoscope tombe, et sombre par cinq centimètres de fond.
"Quel temps de merde…, philosophe-t-il.
- Quel temps de merde", confirme une voix dans son dos. C'est le parisien. Il n'habite pas vraiment Paris, une heure de route le sépare de la première station de RER, mais dans le village on n'a pas Google Street dans l'œil : le type habite au nord de la Loire, il ne vient dans sa résidence secondaire qu'aux vacances de Noël et l'été, ça suffit à en faire un parisien.
"On déménage ?, interroge-t-il, par pure politesse.
- Non, on rince les cartons."
Les deux hommes se serrent la main, puis ne se réchauffent pas autour d'un café de l'amitié : Gérald avait préparé un thermos, et celui-ci est au fond d'un carton, mais lequel ?
Le parisien est arrivé ce matin, il explique. Il a vu l'agitation, un camion, des meubles que l'on déplace, il a radiné sa science. Tout en continuant à brasser des cartons, Gérald lui explique qu'il a vendu la maison et qu'il a retrouvé un trente mètres carrés à la ville. Le parisien l'interroge, lui affirme que la dernière foid qu'ils se sont vus – c'était vers la Noël – Gérald et sa femme avaient pourtant l'air si heureux dans leur pavillon, des projets plein la tête, comme repeindre les escaliers ou acheter un porte-vélos.
Gérald pose l'halogène au cul du camion et raconte.

Claire, sa femme, ben elle s'est barrée il y a deux mois. Le parisien est interloqué : parmi leurs projets, n'y avait-il pas celui de se reproduire ? Ils avaient l'air tellement amoureux, tellement engagés.
"C'est vrai, confie Gérald, c'était le cas. Mais si tu n'arrêtes pas de m'interrompre, je ne suis pas près d'arriver au bout de mon histoire."
Le parisien s'excuse, il avait autre chose à ajouter mais il perçoit l'agacement de Gérald, et surtout son besoin de déballer toute son histoire. "Je t'écoute, continue.".
Gérald reprend le récit où il l'avait laissé : à l'arrière du camion, et à moitié sous la flotte.
Oui, à l'époque tout était bien dans le meilleur des mondes. Mais un matin, continue Gérald, je me suis réveillé avec le bide en vrac, malade comme un chien. Pas dans mon assiette, ou plutôt pas dans ma gamelle. Tu sais comme sont les hommes, ils préfèrent souffrir en silence plutôt qu'aller consulter. J'ai traîné ça jusqu'à midi, au moins. Puis je me suis décidé à ravaler ma fierté plutôt que mon acte de naissance, alors je suis allé chez le docteur. Il m'a prescrit des examens sanguins. Les résultats de ceux-ci ont été sans appel : je souffrais d'un manque d'alphas, de betas, de gammas, d'omégas, et de tout ce que l'alphabet grec regorge de saloperies. La cause de tout ça ? Inconnue. Des examens complémentaires nous en apprendraient peut-être d'avantage. En attendant j'étais raplapla. Incapable de mettre la table, de sortir les poubelles, de m'acquitter de mon devoir conjugal. Le docteur a prolongé mon arrêt-maladie.
Malgré mon manque d'appétit, dont sexuel, Claire et moi ne désespérions pas de faire un gosse. Mais ça ne venait pas. Nous avons tout essayé, nous faisions l'amour sans arrêt, tous les jeudis. Pour autant, le ventre de Claire ne prenait pas un centimètre de tour. Elle restait toujours aussi svelte selon moi, toujours aussi grosse à ses yeux… C'était là tout le paradoxe qu'elle rabâchait : elle était grosse, mais pas engrossée.
De mon côté, les examens complémentaires se succédaient et ne nous apprenaient rien de plus. J'étais malade, je connaissais mes maux mais pas ce qui les provoquait. Mon médecin traitant m'a diagnostiqué une dépression. Moi qui pouvais me vanter de toujours être de bonne humeur, d'apprendre ça, ça m'a fait déprimer. Et cette saloperie que j'avais, qui me grignotait de l'intérieur, ça me faisait méchamment maigrir. Ma tronche de zombie et mon corps qui flottait dans ses vêtements ont définitivement entamé le crédit libido du couple, que Claire n'était plus que la seule à renflouer.

Au boulot, ils ont fini par embaucher un type pour me remplacer. Ce fayot s'en est plutôt bien sorti : il exécutait en deux jours les tâches que je mettais une semaine à réaliser. Ça fait désordre. Alors ils ont profité de mes absences prolongées pour me virer.
Tu te doutes bien que ce n'est pas tout… Le toit de la maison a commencé à s'écrouler. Un charpentier est venu et a constaté que les chevrons étaient bouffés par la vermine. On a été obligés de refaire entièrement la toiture, si on ne voulait pas avoir l'impression de dormir en tente. Tu penses bien qu'avec mon salaire de chercheur d'emploi, c'était pas vraiment la période. C'est jamais la période, quand il s'agit de refaire la toiture, mais là ça commençait à faire beaucoup pour un seul homme. Et sa femme. J'ai appelé mes parents pour leur demander de nous prêter du fric. J'appelle mes parents deux fois par an, et c'est généralement pour leur demander de l'argent. Mais cette fois-ci, les négociations n'ont pas duré longtemps : ma mère m'a appris que mon père avait un cancer du poumon. A 58 ans, les médecins ne lui donnaient pas trois mois pour rédiger son testament. Je me suis dit qu'il serait plus sage d'attendre l'héritage…
Pour ce qui est du chat noir que je semblais avoir adopté, je pourrais te citer aussi un joint de culasse sur le Picasso, un dégât des eaux à cause de la machine à laver, les défaites du PSG, et j'en passe.
Mais le pire, dans tout ça, c'est que je changeais radicalement. Physiquement, je concurrençais sérieusement mon père et sa chimio, mais c'est surtout au niveau de ma personnalité que je me suis métamorphosé en sorte de monstre. Je suis devenu aigri, lunatique, pessimiste… Je me suis mis aux blagues antisémites, à être jaloux de tout le monde, à envoyer bouler Claire pour le moindre prétexte. A haïr le chat. A boire. Tu vois, mon vieux, je crois que je suis devenu un gros con. Un gros con qui s'habille trois tailles au-dessus.

Le parisien regarde ses chaussures. Gérald interprète cela comme le pire des aveux. Comme s'il lui avait dit "T'as toujours été un gros con" ou "Tu fais peine à voir (, gros con)". Il se retient de le lui faire remarquer, et termine son récit par le départ de Claire et la vente de la maison. Selon lui, Claire avait tant de bonnes raisons de le quitter qu'elle n'a pas su choisir laquelle avancer pour justifier sa décision. Elle aurait donc pris un amant pour se faciliter la tâche. Il n'y avait plus qu'à aller trouver le notaire pour gérer le divorce et la vente de la maison.
La pluie devient déluge. Si Noé se pointait maintenant avec son arche, il n'aurait rien d'autre que des grenouilles à embarquer.
Avant de prendre congé, le parisien tend une lettre à Gérald.
"Au fait, le facteur s'est trompé, il a mis ce courrier dans ma boite-à-lettres. Il t'est destiné, il a été posté il y a environ 6 mois."
Gérald décachette l'enveloppe et lit la lettre, avant de la froisser en râlant et de la jeter sur le tas d'ordures promises à la déchetterie. "Conneries", murmure-t-il, puis il repart à ses occupations. On est en train de descendre le lourd vaisselier par la fenêtre du premier étage. Gérald va se positionner en bas et, les mains en porte-voix, il hurle ses ordres aux gros bras qui s'affairent en haut avec le treuil.
Le parisien regarde son ami aigri et amaigri. C'est vrai qu'il a morflé, depuis Noël. Il va récupérer la lettre sur le tas et la défroisse.

"Cette lettre vient de Roumanie et doit faire le tour du monde. Elle a été commencée par Melle Clément.
Lisez les faits suivants, absolument authentiques : Monsieur Médard reçut la lettre, fit les copies et les envoya 9 jours plus tard. Il gagna 5 millions de dollars en pariant sur un bourricot dans la troisième à Auteuil. Mireille Cébalo reçut la chaîne avant de partir en voyage, elle la déchira ; sa famille subit des malheurs, la misère et la folie, la valise volée à l'aéroport et deux heures de retard à l'atterrissage. Monsieur Ferrant reçut la chaîne en 1996, il ordonna à son secrétaire de faire les copies et de les envoyer, ses conditions de vie s'améliorèrent, et il put enfin changer de femme. Un employé de banque qui ne veut pas dévoiler son nom parce qu'il est aujourd'hui directeur commercial, oublia d'envoyer les copies, et 4 jours plus tard il perdit sa place ; il retrouva la chaîne, fit les copies et les envoya, il reçut une place supérieure pour devenir chef de ses collègues mondiaux, avec voiture de fonction et dessert à volonté. Un Monsieur bien, distingué, reçut la chaîne, s'en moqua, la brûla, pour montrer à sa famille qu'il n'était pas superstitieux. Il brûla lui aussi, dix jours plus tard. Personne ne vint à son enterrement, et sa tombe est profanée à chaque équinoxe.
N'arrêtez pas la chaîne, sous aucun prétexte. Faites ce qu'on vous demande. Après 3 jours, vous aurez une surprise telle que vous n'y songez pas. Mais si vous n'envoyez pas une copie de cette chaîne à 10 personnes de votre entourage, alors la malédiction s'abattra sur vous et vos proches, à savoir : cancrelats dans le corps et dans la maison, femme infidèle, joint de culasse pété, et tout le tralala.
N'oubliez pas : malheur si la chaîne se brise !"


Le parisien n'a pas fini de frémir à la lecture de cette lettre, qu'il entend un grand fracas rappelant le bruit caractéristique du vaisselier qui tombe sur un corps humain. Les gros bras s'agitent en tous sens, hurlent que c'est bien du malheur, s'affairent dans les décombres et parviennent à sauver ce qu'ils peuvent : trois tasses en porcelaine, dont une ébréchée.
Un des déménageurs s'approche du parisien en s'excusant pour son ami écrabouillé.
"C'est la chaîne qui s'est brisée…", explique-t-il.

 

 

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 11:12

 

Le mot "amour" devient féminin au pluriel. Il change donc de sexe lorsque qu'il y en a plusieurs.

Exemple : une partouze.

 

 

 


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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 20:59

 

 

J'en ai déjà parlé dans une autre vie, la vie de quand ce blog fonctionnait nuit et jour, sauf les années impaires : il existe sur over-blog une option qui permet de connaître la façon dont vos visiteurs sont arrivés sur votre site. Dans mon cas, la réponse est toujours "par hasard". C'est à dire qu'ils ont envoyé une requête sur Google, que ledit Google a soumis cette requête à ses serveurs, lesquels l'ont moulinée pendant moins d'une seconde au prix d'une dépense énergétique susceptible de tuer la moitié de la population d'otaries du Pôle Nord, l'autre moitié étant morte d'un banal rhume, tout ça pour dire qu'à un moment donné y'a un gugusse qui tape une connerie sur Google et qui débarque sur mon blog par hasard.

Et bien souvent le gugusse en question doit se trouver fort marri, avec sa fleur au fusil et son rouleau de sopalin sous le bras, au moment où il arrive à destination et constate que décidément non, il ne trouvera pas icelieu ce qu'il recherchait.

 

Le gugusse du jour -  en témoigne le croquis ci-bas - a googlisé "le blog des femmes qui aimes etre enculer par derriere et si possible par des blacks".

A brûle-pourpoint, on pourrait jouer les taquins et s'offusquer du fait qu'en général et par tradition, on encule par derrière. Mais de tatillons trouveraient le moyen de nous démontrer qu'on peut le faire par devant, et ça va m'énerver. En parlant de m'énerver, passons rapidement sur l'orthographe approximative, tant il me scandalise qu'on se refuse à accorder les verbes "aimer" et "enculer"...

On n'a qu'à tout simplement passer sur le message en lui-même, qui ma foi, vaut ce qu'il vaut, ne jouons pas les étonnés, on sait très bien que sur la Terre il y a des gens qui s'enculent, d'autres qui les filment et en font un blog, et de tierces qui les regardent, après être passés sur mon blog.

 

 

beg.JPG

 

 

Ce qui à mon avis mérite vraiment le détour, c'est la formulation de la requête ; ce "si possible" qui sonne comme une grâce ultime demandée à Google, un appel à sa grande mansuétude, une cerise réclamée sur le gâteau. Un peu comme on écrit une lettre au Père-Noël "je veux un chèque, et si possible avec plein de zéros". Ou comme on demande au serveur si c'est possible de remplacer le gratin dauphinois par des frites. "Ce serait possible d'avoir plutôt de la bonne grosse bite noire ? Parce que la bite de blanc, je la digère pas, ça me donne des gaz".

Et Google, respectueux de la couche d'ozone plus que des otaries, remue Ciel et Terre pour répondre favorablement à cette requête bien précise. Il convoque ses lutins et leur demande de se plier en quatre pour trouver un blog de femmes qui aimes se faire enculé

- par derrière

- par des blacks.

 

Les lutins cherchent jour et nuit dans les méandres de l'internet, ils écument les blogs les plus cradingues sur lesquels on ne relève même pas la lunette pour s'enculer debout, ils se rencardent auprès de leurs meilleurs indics (Facebook, Viadeo, Gmail, ...), mais c'est piteux qu'au bout de 0,81 seconde ils rentrent du boulot et livrent le résultat de leurs investigations : "heigh-ho, heigh-ho, on a trouvé seulement 6 millions de réponses...". Dont pas une seule qui ne satisfasse réellement cet internaute exigeant.

 

Monsieur Google est colère et déception. Il pensait qu'internet pouvait tout, surtout le pire. Mais les faits sont là, les lutins ont parlé : pas possible par des blacks.

Il prend alors sa plus belle plume et répond, selon les mêmes usages précautionneux, au négrosodophile.

 

"Cher Monsieur Quéquette-à-l'air,

 

Vous êtes chaque jour des millions de sales porcs lubriques à venir tenter votre chance sur le moteur de recherche Google et nous vous en remercions, ma parole ça me fait plaisir.

Nous avons étudié votre demande avec la plus grande attention, et celle-ci correspond incontestablement à notre domaine de compétence. Toutefois, vous n'êtes pas sans ignorer que des fois, la vie, c'est pas d'bol.

Dont acte.

 

Néanmoins, tout n'est pas perdu ! Pour la branlette, si, c'est mort. Mais pour tout le reste, comme par exemple, euh... la non-branlette, la société Google et ses collabos sont heureux de vous offrir la bagatelle de 6 millions de réponses complètement à côté de la plaque, telles que la recette des crêpes aux nouilles (qui contient le mot "femme"), le wikipédia de la série "La fête à la maison" (qui contient le mot "enculer"), ou encore un lien commercial vers Amazon, dont aucun mot ne correspond à votre requête, mais qui s'en souciera encore une fois que le code de votre carte bleue sera validé, hum ?

De plus, comme nous avons coutume de le faire avec les excités de votre engeance, nous vous invitons à aller bien vous faire foutre sur le site de Stipe. Ca vous promènera cinq minutes, et lui, ça lui permettra d'écrire un article sur le sujet, comme il a coutume de le faire avec les gogoles de votre race.

 

Blablas respectueux et rodomontades habituelles.

 

 

xxx

 

 

 

Google"

 

 

 

 

Merci Google. Vraiment, merci.

A cause de cet article, je vais maintenant récupérer les dérangés en recherche de "lutins qui enculent des otaries si possible gogoles".

Merci, vraiment.

 


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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 15:18

 

 

Quelqu'un m'a refilé la grippe.

Cela n'arriverait pas si les autres écoutaient les conseils et se faisaient vacciner.

 

 

 

Le Pape se retire. Les enfants de choeur ressentent comme un vide...

 

 

 

Affaire de la viande de cheval dans les lasagnes Findus : au moins les fromages blancs Jockey ont toujours joué la transparence.

 

 

 

Le cycliste Jesus Manzano a été le premier à dénoncer le docteur Fuentes et ses méthodes de dopage. Il a énuméré ce matin à la presse la liste des produits utilisés : "hormones de croissance, hormone féminine (HMG), Androgel (testostérone), cortisone, Actovegin (sang de veau), nandrolone, EPO russe et chinoise et albumine pour faire baisser l'hématocrite."

La marque Findus déclare qu'elle n'était pas au courant.

 

 

 

Le dernier smartphone, vous lui demandez "Quel temps fait-il à Paris ?", il vous répond "La température est de 17°, le ciel est dégagé". On peut donc désormais avoir la même conversation avec son téléphone qu'avec son boulanger. J'ai aussitôt acheté cette petite merveille technologique, mais je le regrette déjà : ses croissants sont dégueulasses.

 

 


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