17 mars 2010
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09:47
Au jour du jugement dernier, quand je me pointerai devant l'Eternel et qu'il me demandera ce que j'ai à plaider pour ma défense, je m'allumerai une clope en plissant les yeux, pour prendre un air profond. Je recracherai rapidement la fumée car c'est toujours ainsi qu'on traite la première bouffée, puis en gardant les yeux plissés comme pour les protéger des émanations nocives, je prendrai une longue inspiration inspirée, je libérerai une seconde fois la fumée, et les yeux plantés dans les volutes de la cigarette, je répondrai avec un air faussement réfléchi, surjoué, : "je suis un séducteur".
Le coup de la clope, j'ai vu ça dans un film avec Errol Flynn, la moustache impeccable. Le coup de la vertu lâchée comme un aveu, comme la pire des tares, j'ai vu ça chez Drucker, quand à la question "Quel est son pire défaut ?", la femme de l'homme d'Etat répond, après une réflexion aussi mûre qu'elle, "son honnêteté" ou "son abnégation", ou une connerie de l'espèce.
Je ne crois pas en Dieu, pas plus que je ne suis fumeur. Mais je suis un formidable joueur d'apparences. Et j'ai très envie de soigner ma sortie, qu'elle se fasse devant Dieu, Drucker ou une colonie d'asticots.
L'apparence, j'ai toujours tout misé là dessus. Paraître un mec sympa, fiable, un bon mari, un bon amant, un bon père, ... Un type bien, en somme. Et toute ma vie, ça a plutôt bien fonctionné, j'ai presque toujours obtenu ce que je voulais. Comprendre : qui je voulais, quand je voulais. Depuis internet, j'ai même eu plus que ce que je voulais. Quelques clics bien placés et le tour est joué. Et avant internet, ben je faisais comme on faisait avant. Je les choisissais dans mon entourage, mon voisinage. Devrais-je vous l'avouer ? Allez, ... même au sein de ma propre famille. Dégueulasse, hein ?
Armé de mon seul pouvoir de séduction, voire de persuasion, j'allais sans relâche. Dans ma voiture, dans le lit conjugal, dans un parc public, je baisais, encore et toujours. Des coups d'un coup, des veilles sans lendemain, des Carpe Diem sans l'inconvénient du latin. Puis via le net, des photos, des profils, des mails. La fébrilité de la première rencontre, la concrétisation d'un travail de séduction. Puis la création de nouveaux profils, pour éviter de laisser des traces. Très important, de ne pas laisser de traces. Je ne sais que trop les dangers encourus à être soi-même, alors je me renouvelais, je changeais mon apparence. Je variais les sites, les photos, mais toujours de moi. Ma personnalité plaisait, alors je ne la changeais pas. La seule chose qui variait, c'était la méthode, mais la finalité était toujours la même.
Personne ne s'est jamais rendu compte de rien. Ma femme n'y voyait que du feu, celui dont les flammes entretenaient notre passion. J'étais un jouisseur.
Puis il y a eu la fois de trop, la fois où j'ai sous-estimé ma proie. Et la proie a gueulé, elle a hurlé au salaud. Elle a menacé de tout balancer, alors je l'ai fait taire. Alors on m'a condamné, sans vraiment me juger. Alors du coup je sais que je dois songer à ma sortie.
On m'a enfermé il y a quelques jours. Et ici, je sais que ce n'est plus pareil. Je sais qu'ici je ne peux plus avancer les mêmes arguments. Car en taule, plus qu'ailleurs, on me promet des lendemains pas jolis. En taule, plus qu'en liberté, on est poussé à aller serrer la pogne à l'Eternel. J'ai pas d'inquiétude, j'ai jamais été un bon chrétien mais j'ai les curés dans mon camp.
Je vais bientôt crever, probablement par le suicide. Mais plus sûrement par le lynchage.
Ici, moins que dehors, on ne pardonne pas aux pédophiles.
Le coup de la clope, j'ai vu ça dans un film avec Errol Flynn, la moustache impeccable. Le coup de la vertu lâchée comme un aveu, comme la pire des tares, j'ai vu ça chez Drucker, quand à la question "Quel est son pire défaut ?", la femme de l'homme d'Etat répond, après une réflexion aussi mûre qu'elle, "son honnêteté" ou "son abnégation", ou une connerie de l'espèce.
Je ne crois pas en Dieu, pas plus que je ne suis fumeur. Mais je suis un formidable joueur d'apparences. Et j'ai très envie de soigner ma sortie, qu'elle se fasse devant Dieu, Drucker ou une colonie d'asticots.
L'apparence, j'ai toujours tout misé là dessus. Paraître un mec sympa, fiable, un bon mari, un bon amant, un bon père, ... Un type bien, en somme. Et toute ma vie, ça a plutôt bien fonctionné, j'ai presque toujours obtenu ce que je voulais. Comprendre : qui je voulais, quand je voulais. Depuis internet, j'ai même eu plus que ce que je voulais. Quelques clics bien placés et le tour est joué. Et avant internet, ben je faisais comme on faisait avant. Je les choisissais dans mon entourage, mon voisinage. Devrais-je vous l'avouer ? Allez, ... même au sein de ma propre famille. Dégueulasse, hein ?
Armé de mon seul pouvoir de séduction, voire de persuasion, j'allais sans relâche. Dans ma voiture, dans le lit conjugal, dans un parc public, je baisais, encore et toujours. Des coups d'un coup, des veilles sans lendemain, des Carpe Diem sans l'inconvénient du latin. Puis via le net, des photos, des profils, des mails. La fébrilité de la première rencontre, la concrétisation d'un travail de séduction. Puis la création de nouveaux profils, pour éviter de laisser des traces. Très important, de ne pas laisser de traces. Je ne sais que trop les dangers encourus à être soi-même, alors je me renouvelais, je changeais mon apparence. Je variais les sites, les photos, mais toujours de moi. Ma personnalité plaisait, alors je ne la changeais pas. La seule chose qui variait, c'était la méthode, mais la finalité était toujours la même.
Personne ne s'est jamais rendu compte de rien. Ma femme n'y voyait que du feu, celui dont les flammes entretenaient notre passion. J'étais un jouisseur.
Puis il y a eu la fois de trop, la fois où j'ai sous-estimé ma proie. Et la proie a gueulé, elle a hurlé au salaud. Elle a menacé de tout balancer, alors je l'ai fait taire. Alors on m'a condamné, sans vraiment me juger. Alors du coup je sais que je dois songer à ma sortie.
On m'a enfermé il y a quelques jours. Et ici, je sais que ce n'est plus pareil. Je sais qu'ici je ne peux plus avancer les mêmes arguments. Car en taule, plus qu'ailleurs, on me promet des lendemains pas jolis. En taule, plus qu'en liberté, on est poussé à aller serrer la pogne à l'Eternel. J'ai pas d'inquiétude, j'ai jamais été un bon chrétien mais j'ai les curés dans mon camp.
Je vais bientôt crever, probablement par le suicide. Mais plus sûrement par le lynchage.
Ici, moins que dehors, on ne pardonne pas aux pédophiles.