2 novembre 2009
1
02
/11
/novembre
/2009
10:19
La Toussaint est une fête catholique, même quand elle tombe un dimanche. Elle est célébrée le 1er novembre vu que le lundi de Pentecôte était déjà pris.
La Toussaint est, comme on pourrait s'en douter pour peu qu'on prenne la peine de réfléchir plus loin que le bout de son pied, la fête de tous les saints. Et par extension, la fête de tous les morts puisque "un bon saint est un saint mort" comme l'a déclaré Jean-Paul II en 1993 chez Drucker. C'est pourquoi l'on parle de Toussaint ou de Fête des Morts ou bien de Week-end le plus meurtrier de l'année.
Le saint meurt en martyre, d'où l'expression "Martyre, c'est mourir un peu". Mourir en martyre c'était la classe ultime à l'époque, ça claquait sa race sur un CV. L'histoire complète des saints est relatée dans une série de livres références : "Martyre sous le train", "Martyre a le sida" ou encore "Martyre bosse chez France-Telecom" pour ne citer que les plus connus.
Le saint est un gars qu'est parti de rien et qui a réussi. Lors de son second quinquennat, Moïse fit passer une loi (qu'il adopta à sa propre unanimité) afin de faciliter les démarches administratives pour les auto-entrepreneurs : frais d'avocats déductibles d'impôts, lapidation publique des syndicalistes, chameau de fonction, crédit de 150 points sur la carte Super U, ...
Les saints (dont la majorité étaient parrains, certains l'étant même des enfants du Président-Dieu) surent profiter de ces avantages pour monter leur boîte et finirent tous patrons.
Quelques saints connus :
- Saint Etienne : patron des footballeurs et des poteaux carrés
- Saint Moret : patron des fromages
- Saint Eustache : patron des moustaches
- Sainte Barbe : patronne du bal des pompiers
- Saint Ture : patron des pauvres...
Chez la religion catholique, la mort est un truc cool parce que ça vaut dire que Dieu a rappelé les siens à lui. C'est l'immigration choisie.
A la Toussaint, le catholique se sacrifie et donne en martyre un des siens. En offrande, il balance son automobile et toute sa famille dans un platane. Dans le meilleur des cas, personne n'en réchappe et il refile ses morts au bon Dieu contre un bon au porteur, parce qu'il faut se méfier de tout le monde. Dans le second meilleur des cas, les rescapés finiront en fauteuil roulant et devront passer par la case "miracle à Lourdes" pour espérer caresser la barbe du bon Dieu et être sur la photo-souvenir.
Le catholique mort sur la route un 1er novembre est autorisé à être enterré au Collisé.
Si le 1er avril les enfants font des blagues aux adultes, le 1er novembre ce sont les adultes qui font des blagues à leurs vieux. Ils leurs disent "Mamie, mets du parfum et ton manteau, on va te sortir un peu" et en vrai ils les amènent au cimetière. Trop drôle.
Le vieux n'aime pas trop la Toussaint, il dit que ça fait ambiance de pré-rentrée. Il y va en traînant des pieds, en sautant dans les flaques, en balançant ses crottes de nez sur les autres. Il regarde les tombes sans envie, choisit un emplacement près de la porte et pas trop loin de ses copains.
Il déteste sa belle-fille (ou son gendre) qui a été suffisamment crétin pour épouser son abruti de fils (ou de fille). Il déteste que ce qui s'auto-proclame "sa famille" attende le jour des morts pour se rappeler qu'il est vivant.
"Comment trouvez-vous ce modèle, belle-maman ?", lui demande l'abruti en désignant un marbre en faux stuc. Le vieux regrette alors d'avoir pris religion comme première langue et il prie, une dernière fois, pour que sa descendance entière aille s'emplataner dans le premier arbre venu, histoire d'oublier que novembre risque d'être long à devenir Noël.
"La Toussaint tombe un dimanche"
(Pierre Gromarto, sculpture sur caillou vert - Musée de l'Inutile)