4 juillet 2009
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14:21
Faut que je vous raconte avant que vous ne me croyiez pas.
Hier il me prend le besoin subit et subi d'aller faire la nique à la vacuité de mon frigo. Je me rends donc chez l'épicier de mon village, Ahmed Super U, et remplis un plein caddy de choses alimentaires mais pas que. Puis je me plie au rituel du passage en caisse. Je commence à disposer mes inutiles sur le tapis qui roule quand d'un coup je suis paf ! attiré du regard par la cliente qui me précède dans l'ordre. Et là, repaf ! je suis séduit.
Survêtement bon marché, baskets sûrement bradées, cheveux mi-longs mi-courts, visage d'anodine et lèvres pulpeuses et rougées qui dessinent une bouche trop grande. Et par tout ça, je suis irrésistiblement séduit. Elle a la beauté vulgaire d'une punk à un mariage, le charme d'une cousine de Province, la vénusté qu'on ne trouve que dans les dictionnaires de synonymes. Je réalise alors qu'elle ressemble à ne pas s'y prendre à... Mais à qui ? Ben v'là qu'j'ai plus ma tête ! A Teddy de Montréal ?
Bon sang j'en suis sûr, cette femme est au minimum le sosie d'une autre que je fantasme. Mais qui, putain de Marie, QUI ??
Je râle intérieurement après les satellites qui détraquent les bulletins météo et les téléphones portables dont les ondes nous esquintent le cerveau, leur faisant porter aux uns et aux autres la responsabilité des déraillances de ma mémoire.
Alors pendant que ma mémoire me fait des faux, mon œil ne cesse de se pourlécher les papuières de voir pour du vrai cette bouche hypnodisiaque, cette bouche que mes lèvres ont si souvent mordillées dans mes rêves les plus échevelés. Enfin, elle est venue, elle est là devant moi et l'imminence de l'étincelle qui éclairera son iris lorsque bientôt ses yeux se poseront sur moi et qu'alors la réciprocité de nos sentiments impétueux nous poussera à nous bécoter à l'arrière du Kangoo tandis que je retirerai sa langue de ma cavité buccale dans l'unique dessein de pouvoir lui dire distinctement "Je t'aime, ...".
Je t'aime qui?
Bordel, concentre toi, tu ne connais qu'elle, tu n'as jamais espéré qu'elle. Fais un effort, c'est pas le moment de mollir du céphalique. Oublier le nom de la femme de sa vie, ça se fait pas. Même à la campagne.
Bon, je vais déplanter mes yeux de sa bouche, regarder ailleurs, occuper mon esprit à autre chose l'espace d'un instant, le temps de rebooter mon cerveau et de repartir avec un esprit neuf. Et après je suis sûr que ça me reviendra.
Alors tout en continuant à déballer par ordre inverse d'arrivée dans le caddie les provisions dont la quantité estimée s'étend de "jusqu'à jeudi" à "pour la semaine", je me mets en tête de trouver dix villes françaises commençant par la lettre D.
Bon Dinan et Dinar, la paire armorique. Dieppe, Dunkerque, ça fait quatre. A croire que toutes les villes françaises commençant par D se concentrent dans ce quart nord-ouest où il fait bon moisir. Je vais chercher un peu dans le sud-est, tiens. Euh... Draguignan ! Quinze-cent quinze !! Ha ha ha !! Ouais c'est bon ça de se faire des blagues, ça va favoriser le reset de ma mémoire. D-D-D-D... DAX !!!! Il me serait secourable au scrabble celui-là. En attendant il me secourt au supermarché. Bon allez, on va taper dans les bleds de mon Loiret natal. Dampierre-en-Burly (si si ça existe) et Darvoy (si si ça existe), personne ne les connaît mais ça fait sept et huit. Encore deux. Réfléchis, réfléchis... Dole ! Hey, balèze lui ! C'est dans le Doubs, c'est ça ? En tout cas ça fait un neuf dur. Et par chez moi, y'a quoi ? Attends voir... Die ! Comme la clairette. Et voilà, fini, reçu Die sur Dix.
Bon maintenant j'ai plus qu'à me retourner vers la cliente et à me prendre par surprise.
P.J. Harvey.
Dans mon magasin, à ma caisse et en survêtement. La femme à la voix paradisiaque. Elle pourrait me chanter n'importe quoi à l'oreille, me susurrer les résultats du tiercé, même dans le désordre, mais avec Général du Pommeau non-partant ; elle pourrait me roucouler le P'tit Quinquin que j'aurais un orgasme du pavillon auditif.
Forcément, quand elle répond "oui" à la caissière qui lui demande si elle est en possession de la carte de fidélité, je bande comme jamais personne n'avait bandé à Super U.
Alors, quand de ses achats réglés par carte bancaire elle remplit son chariot dans un ordre parfaitement éparpillé, je ne peux réprimer à voix haute un "Polly Jean ?" osé. Elle me sourit puis écarte ses larges lèvres intelligemment surmaquillées et me chante, à moi :
Lick my legs
I'm on fire
Lick my legs
Of desire.
Puis elle s'éclipse avec cette grâce qu'elle ne se connaît pas, vers le parking trop bien rangé pour sa gueule d'amour. J'en profite pour regretter d'avoir garé ma voiture parallèlement à ses congénères motorisées, Polly Jean ne mérite pas une telle symétrie.
Lick my legs of desire. Je me demande si elle n'a pas mis un pantalon de survêt pour masquer des jambes non épilées, mais rejette aussitôt, d'un crachat dans la soupe, cette vilaine pensée.
Lick my legs, i'm on fire. Et moi donc, qui réponds "j'en sais rien" à la caissière qui me fait le coup de l'interrogation surprise sur le sujet de la carte de fidélité. Et moi donc !
Oh, comme je vous vois arriver avec vos sabots assurés. Vous n'allez pas m'accorder la poésie de croire en mes sentiments distingués. PJ Harvey, rien que pour moi, dans son survêtement de princesse et sous ses apparats déglingués.
Et pourtant...
Hier il me prend le besoin subit et subi d'aller faire la nique à la vacuité de mon frigo. Je me rends donc chez l'épicier de mon village, Ahmed Super U, et remplis un plein caddy de choses alimentaires mais pas que. Puis je me plie au rituel du passage en caisse. Je commence à disposer mes inutiles sur le tapis qui roule quand d'un coup je suis paf ! attiré du regard par la cliente qui me précède dans l'ordre. Et là, repaf ! je suis séduit.
Survêtement bon marché, baskets sûrement bradées, cheveux mi-longs mi-courts, visage d'anodine et lèvres pulpeuses et rougées qui dessinent une bouche trop grande. Et par tout ça, je suis irrésistiblement séduit. Elle a la beauté vulgaire d'une punk à un mariage, le charme d'une cousine de Province, la vénusté qu'on ne trouve que dans les dictionnaires de synonymes. Je réalise alors qu'elle ressemble à ne pas s'y prendre à... Mais à qui ? Ben v'là qu'j'ai plus ma tête ! A Teddy de Montréal ?
Bon sang j'en suis sûr, cette femme est au minimum le sosie d'une autre que je fantasme. Mais qui, putain de Marie, QUI ??
Je râle intérieurement après les satellites qui détraquent les bulletins météo et les téléphones portables dont les ondes nous esquintent le cerveau, leur faisant porter aux uns et aux autres la responsabilité des déraillances de ma mémoire.
Alors pendant que ma mémoire me fait des faux, mon œil ne cesse de se pourlécher les papuières de voir pour du vrai cette bouche hypnodisiaque, cette bouche que mes lèvres ont si souvent mordillées dans mes rêves les plus échevelés. Enfin, elle est venue, elle est là devant moi et l'imminence de l'étincelle qui éclairera son iris lorsque bientôt ses yeux se poseront sur moi et qu'alors la réciprocité de nos sentiments impétueux nous poussera à nous bécoter à l'arrière du Kangoo tandis que je retirerai sa langue de ma cavité buccale dans l'unique dessein de pouvoir lui dire distinctement "Je t'aime, ...".
Je t'aime qui?
Bordel, concentre toi, tu ne connais qu'elle, tu n'as jamais espéré qu'elle. Fais un effort, c'est pas le moment de mollir du céphalique. Oublier le nom de la femme de sa vie, ça se fait pas. Même à la campagne.
Bon, je vais déplanter mes yeux de sa bouche, regarder ailleurs, occuper mon esprit à autre chose l'espace d'un instant, le temps de rebooter mon cerveau et de repartir avec un esprit neuf. Et après je suis sûr que ça me reviendra.
Alors tout en continuant à déballer par ordre inverse d'arrivée dans le caddie les provisions dont la quantité estimée s'étend de "jusqu'à jeudi" à "pour la semaine", je me mets en tête de trouver dix villes françaises commençant par la lettre D.
Bon Dinan et Dinar, la paire armorique. Dieppe, Dunkerque, ça fait quatre. A croire que toutes les villes françaises commençant par D se concentrent dans ce quart nord-ouest où il fait bon moisir. Je vais chercher un peu dans le sud-est, tiens. Euh... Draguignan ! Quinze-cent quinze !! Ha ha ha !! Ouais c'est bon ça de se faire des blagues, ça va favoriser le reset de ma mémoire. D-D-D-D... DAX !!!! Il me serait secourable au scrabble celui-là. En attendant il me secourt au supermarché. Bon allez, on va taper dans les bleds de mon Loiret natal. Dampierre-en-Burly (si si ça existe) et Darvoy (si si ça existe), personne ne les connaît mais ça fait sept et huit. Encore deux. Réfléchis, réfléchis... Dole ! Hey, balèze lui ! C'est dans le Doubs, c'est ça ? En tout cas ça fait un neuf dur. Et par chez moi, y'a quoi ? Attends voir... Die ! Comme la clairette. Et voilà, fini, reçu Die sur Dix.
Bon maintenant j'ai plus qu'à me retourner vers la cliente et à me prendre par surprise.
P.J. Harvey.
Dans mon magasin, à ma caisse et en survêtement. La femme à la voix paradisiaque. Elle pourrait me chanter n'importe quoi à l'oreille, me susurrer les résultats du tiercé, même dans le désordre, mais avec Général du Pommeau non-partant ; elle pourrait me roucouler le P'tit Quinquin que j'aurais un orgasme du pavillon auditif.
Forcément, quand elle répond "oui" à la caissière qui lui demande si elle est en possession de la carte de fidélité, je bande comme jamais personne n'avait bandé à Super U.
Alors, quand de ses achats réglés par carte bancaire elle remplit son chariot dans un ordre parfaitement éparpillé, je ne peux réprimer à voix haute un "Polly Jean ?" osé. Elle me sourit puis écarte ses larges lèvres intelligemment surmaquillées et me chante, à moi :
Lick my legs
I'm on fire
Lick my legs
Of desire.
Puis elle s'éclipse avec cette grâce qu'elle ne se connaît pas, vers le parking trop bien rangé pour sa gueule d'amour. J'en profite pour regretter d'avoir garé ma voiture parallèlement à ses congénères motorisées, Polly Jean ne mérite pas une telle symétrie.
Lick my legs of desire. Je me demande si elle n'a pas mis un pantalon de survêt pour masquer des jambes non épilées, mais rejette aussitôt, d'un crachat dans la soupe, cette vilaine pensée.
Lick my legs, i'm on fire. Et moi donc, qui réponds "j'en sais rien" à la caissière qui me fait le coup de l'interrogation surprise sur le sujet de la carte de fidélité. Et moi donc !
Oh, comme je vous vois arriver avec vos sabots assurés. Vous n'allez pas m'accorder la poésie de croire en mes sentiments distingués. PJ Harvey, rien que pour moi, dans son survêtement de princesse et sous ses apparats déglingués.
Et pourtant...