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Qui Ça?

  • : Stipe se laisse pousser le blog
  • : Je m'étais juré sur la tête du premier venu que jamais, ô grand jamais je n'aurais mon propre blog. Dont acte. Bonne lecture et n'hésitez pas à me laisser des commentaires dithyrambiques ou sinon je tue un petit animal mignon.
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La cour des innocents

La Cour des Innocents - couv - vignette

Dates à venir

- samedi 2 août, en dédicace à la Librairie Montaigne (Bergerac) de 10h à 12h

- samedi 30 août, en dédicace à la Librairie du Hérisson (Egreville)

- dimanche 9 novembre, en dédicace au Grand Angle dans le cadre du salon Livres à Vous de Voiron.

23 avril 2009 4 23 /04 /avril /2009 13:33
RAPPEL HISTORIQUE


C'était en été, ça il s'en rappelle comme si c'était hier. Quoi que hier on était au printemps... Alors c'était sûrement au printemps. Quoi qu'il en soit, il venait de terminer un sudoku force 7 sur le score sans appel de 3-0. Il avait donc entrepris de compter le nombre de grilles différentes et possibles qu'offrait ce jeu. Il en était à un lorsque le facteur posa sa mobylette sur la béquille et s'en toqua à l'huis.
Stipe, n'écoutant que son oreille beaucoup plus que son courage, s'enquit de la présence sonore de cet opportun en ces termes : "quoi, qu'est-ce que c'est encore? On peut jamais être tranquille, bordel de merde?".
- C'est le facteur, répondit le préposé aux calendriers zoophiles, j'ai un pli pour vous.
- Un pli, malicieusement répondit-il, et bien repassez avant que je me froisse!

Son sourire auto-satisfait ne dura pas bien longtemps, oh ça non! Et pour cause, toujours tu m'intéresses : le postier venait de lui remettre, une fois de plus, cette putain de liste d'obligations à respecter pour l'écriture de sa nouvelle.

La vie, j'vous jure, y'a des jours on lui marcherait bien sur l'autre pied pour voir si ça fait de la musique.



LES REGLES


Attention ! votre histoire (nouvelle, pièce en quatre actes, sonnet...) devra donc obligatoirement commencer par la phrase suivante :
 
>>>        Elle s'ennuyait, à crier.        <<<
 
vous prendrez grand soin de caser de façon plus ou moins outrecuidante TOUS les mots suivants, dans l'ordre qui vous chantera :
 
* Amidonner 
* Angora 
* Bissextile 
* Bon au porteur 
* Boulodrome 
* Califourchon 
* Carpette 
* Cathédrale 
* Chihuahua 
* Cuniculture 
* Foulard 
* Friteuse 
* Gérontophobe 
* Hermétique 
* Mâchicoulis 
* Malfaçon 
* Ostréiculteur 
* Paprika 
* Paroissien(ne) 
* Péripéties 
* Petite jupe noire 
* Procrastination 
* Râble 
* Renoncules 
* Rhododendron 
* Sarabande 
* Sublimation 
* Tohu-bohu 
* Trublion 
* Tubulaire 
* Ubuesque 
* Vinyle 
* Virtuose 
 
 
Et puis, tant que nous y sommes, les expressions suivantes : 
 
- Rita, donne-moi ton coeur 
- Casser sa pipe 
- Passer l'arme à gauche 
- Ça ne mange pas de pain 
- A force de volonté 
- Mon royaume pour un... (compléter au choix) 
- Conter fleurette 
- Autant que faire se peut 
- Moi, j'dis ça, j'dis rien 
- Bon an, mal an 
- Bander comme un pendu 
- Dame oui ! 
- Grand bien te fasse 
 
On peut conjuguer les verbes, mettre les noms et adjectifs au pluriel, bien entendu.
 

Vous veillerez à inclure dans votre texte les quatre situations indiquées ci-dessous. Comme il vous plaira. 
Vous pouvez les mentionner brièvement, vous y attarder, en faire toute une histoire, le lapin peut être russe, le mariage orthodoxe ou pas, le métro aérien, le couple légitime. 
Hopla.
 
- décès d'un petit lapin 
- mariage en province 
- incident technique dans le métropolitain  (ou RER)
- couple surpris dans l'exercice de ses fonctions



LE TEXTE


Elle s'ennuyait, à crier.
Faut dire que sa vie n'était qu'une succession d'échecs, tous plus cuisants les uns que les autres. En virtuose du fiasco, elle persévérait dans la médiocrité.

Aujourd'hui elle s'ennuyait. C'était normalement l'occupation dévouée au mardi mais mardi étant tombé le premier jour du mois, qui est lui réservé à la procrastination, elle avait dû repousser au mercredi.
Le mercredi étant voué au suicide raté, elle aurait au moins pu tenter de faire d'une pierre deux coups et mourir d'ennui, non? Enfin bon, moi j'dis ça, j'dis rien. Mais je t'en fous, le suicide raté était bien une des rares choses qu'elle réussissait….
Elle en connaissait un rayon en manières de casser sa pipe. Godiche, comme sa mère avant elle et comme la mère de sa mère avant elle. Dans la famille, le suicide raté était une tradition, une sorte de tare congénitale qu'on se retransmettait comme la culotte de cheval ou le strabisme biglouchant.
Elle avait naturellement tenté la défenestration, le grand saut dans le vide, mais son vertige latent l'avait conduit à se jeter sur le parquet du haut de la carpette. Elle avait atterri un demi centimètre plus bas, aussi vivante qu'un quart de seconde plus tôt.

Elle avait bien entendu essayé de se jeter sous le métro, mais elle avait omis de se renseigner sur les horaires des attentats, en ce jour de juillet 1995. Elle avait du écouter toute la journée le haut-parleur lui nasiller dans les oreilles que pour cause d'incident technique, aucune rame n'était en circulation ce jour et que les postulants au suicide étaient priés d'aller se jeter sous un bus. Ce qu'elle tenta de faire, d'ailleurs. Seulement quand on se couche sur un passage clouté, histoire de ne pas salir sa petite jupe noire, on est soumis au code de la route qui vous donne priorité et interdit - c'est la loi - au bus de venir s'essuyer les pneus sur votre râble.
Et la pendaison, parlons-en de la pendaison! C'était d'un ridicule…...
Primo, on se pend avec une corde, ça mange pas de pain, c'est l'usage. Bon là, elle avait choisi de le faire avec un foulard, par pure coquetterie. Admettons. Mais surtout et deuxio : on prend soin de ne pas s'accrocher à un point dont la hauteur est inférieure à la taille du sujet à suicider. Malheureusement, quand on a le vertige on ne s'encombre pas à grimper sur un guéridon pour aller s'embobiner autour du lustre. Elle avait passé trois jours debout dans la penderie ("penderie" mon cul, oui !), accrochée à la tringle, tuant le temps (le veinard...) en lisant les étiquettes des chemisiers.
 
Pas facile de s'ennuyer quand on songe déjà à demain.
Demain, on est jeudi. Et le jeudi, c'est jour de la déception amoureuse. C'est un peu son jour préféré, le jeudi. Quand elle était gamine, c'était le samedi son jour préféré car c'était le jour des frites.
C'est un samedi que sa mère avait pour la première fois essayé de passer l'arme à gauche, instaurant la longue tradition familiale du suicide raté. Elle avait surpris son mari en train de besogner la voisine dans les renoncules et c'est que sa mère y tenait beaucoup à ses renoncules. Elle était rentrée à la maison pour se faire couler un bain. Puis après avoir fumé une dernière cloclope, elle était entrée dans l'eau avec la friteuse sous le bras. Elle se rappelle que son père avait ensuite expliqué à sa femme que pour un suicide réussi, il était conseillé de brancher la friteuse avant de la plonger dans l'eau, sans quoi c'était aussi inefficace que pouvait l'être une cathédrale en l'an 12 avant Jésus-Christ…. Elle se souvient aussi que ce jour là les frites étaient moins amidonnées que d'habitude, mais qu'elles avaient un goût de savon.
 
Demain elle a prévu d'aller se faire conter fleurette par une espèce de brute épaisse, un type hermétique à la douceur et au romantisme et qu'elle a rencontré au bal de l'Amicale des Amis de la Pétanque en Treize Points du Boulodrome de Saint-Paul-Pied-de-Cochon.
On ne peut pas vraiment dire que ce soit ses dons de danseur qui lui aient tapé dans l'oeil, vu qu'il sarabande comme un pendu. Imaginons un routier bulgare qui aurait été élevé par des ours nazis dans les steppes mongoles, et qui tenterait de s'adonner au boogie-woogie... Non vraiment, ça confine à la malfaçon.
En fait, ce qui l'avait attirée chez le gaillard c'était sa franchise, sa  simplicité, ce côté "pas du genre à chier dans l'ventilo" comme il disait dans un grand rire goguenard…. Il l'avait ramenée chez lui, dans une maison sans architecture mais avec des jardinières aux fenêtres, ce qui laissait craindre la présence d'une femme dans les lieux. Elle lui avait d'ailleurs demandé:
- Dois-je craindre la présence d'une femme dans les lieux?
- Dame oui! Y'a maman qu'est là qui vit avec moi. A m'fait du manger pis a m' recoud mes affaires. Avant, c'était un peu comme ma femme, j'y f'zais des câlins pis des péripéties dans les fesses. Grand bien lui fasse, surtout depuis que ma lapine Paprika s'est faite écrabouiller par l'estafette du garde-champêtre. Mais maintenant, a l'est trop vieille ma maman, pis a l'est hémiplégique des deux cotés, pis a s'fait dessus sans arrêt, même qu'on dirait un sémaphore au milieu d'un océan de pisse. C'est pas que j'suis gérontophobe, hein, mais c'est plutôt que pour aller lui bouturer le rhododendron faut avoir son diplôme d'ostréiculteur, si tu vois qu'est-ce que j'veux dire!

Elle avait essayé autant que faire se peut de ne surtout pas voir ce qu'est-ce qu'il voulait dire, mais elle devinait qu'il allait lui falloir une bonne dose de sublimation pour accepter la suite, qui se ferait sûrement en position verticale contre un mur.

Il l'avait emmenée dans une chambre qui sentait le bouc mort d'une noyade, au milieu de laquelle trônait un lit dont les draps ne devaient être lavés que les années bissextiles. Elle avait réfléchi à l'endroit le plus potable pour se faire dévergonder et, à force de volonté et en bonne paroissienne qu'elle était, avait conclu que le mieux c'était de le faire dans le vagin.
La suite fut délectable, malheureusement je ne peux pas la dire (et c'est regrettable, ça nous aurait fait rire un peu), mais un gorille ne s'y serait pas pris autrement pour tenter de monter à califourchon sur un chihuahua. Délectable, n'est-il pas?
Bon an mal an, elle avait dû reconnaître que c'était quand même un rude cadet pour ce qui était de la bagatelle. Elle s'était fait crapahuter comme rarement et elle aurait bien donner son royaume contre une deuxième salve de mortier. La vieille devait amèrement regretter d'avoir troqué son statut d'incestueuse d'enfants pour celui d'incontinente atlantique.
Malheureusement, à la manière dont il s'astiquait les outils de jardin dans les rideaux elle avait compris que, si elle voulait encore un tour de tohu-bohu, elle en serait quitte à rentrer chez elle pour s'auto-congratuler le chat angora avec un objet tubulaire de type cucurbitacée.
Mais là, a priori, il avait envie de poésie, de romantisme, de légèreté, de prose alambiquée, de papillons dans un champ de fleurs, bref, ça risquait de donner dans l'ubuesque.
"- Rita, qu'il avait commencé, donne-moi ta soeur. Rita, donne-moi ta main. Rita, donne-moi ton coeur. Rita, nous partons demain."
Allons bon, v'là autre chose.
"- Oui enfin là, vois-tu, pour ma soeur faut que je demande à son mari parce que c'est lui qui gère son planning. Je crois qu'il avait planifié de s'en servir pendant 65-70 ans. Mais peut-être qu'après, elle sera disponible. Pis aussi faut laisser un chèque de caution ou un bon au porteur, enfin faut donner des gages, quoi. Nan parce que faut le comprendre, les mecs lui prennent sa femme, il a beau leur dire qu'elle s'appelle Reviens, des fois il peut rester des dix ans, des quinze ans, des vingt ans sans la revoir ! Pis bon après, pour te donner ma main et mon coeur, je ne suis pas très chaude, hein. Déjà j'ai pas ma carte de don d'organes et puis quoi, ils peuvent encore me servir. Et si je te les donne, je ne suis pas sûre de retrouver les mêmes, ou alors en import, mais faut aller sur des sites chinois qui t'installent des cookies et des tas de saloperies et tu te retrouves avec ton ordi qui rame, sans trop savoir pourquoi. Et la hotline de Free, merci bien!! Et puis partir demain, nan, c'est vraiment pas possible. Faut me'avertir au moins quinze jours à l'avance, qu'on part demain sans prévenir. Le vendredi c'est ma journée 'projets foireux' et demain j'ai rendez-vous avec mon banquier pour lui présenter mon projet de cuvette de chiotte à mâchicoulis. C'est une invention de ma pomme qui permettra aux femmes de pouvoir plus facilement pisser à côté, parce que bon, y'a pas de raisons que ce soit réservé aux hommes, tu comprends ?"
Une poule ayant trouvé un cure-dents aurait eu un air plus inspiré que lui…...
"- Ecoute, je vais devoir prendre congé."
De nouveau, tête de l'homme de Cro-magnon qui aurait inventé le camping-gaz avant d'avoir inventé le feu.
"- Faut que j'm'en va, si tu préfères. J'vas reviendre jeudi en huit, vers c'tantôt.
- Bon bah d'accord. On se tient au courant, je t'enverras un télégramme.
- Oui voilà, tu regarderas dans ton annuaire, y'a mes coordonnées dans les Pages Jaunies."

Finalement, c'est elle qui l'avait rappelé dès le lendemain matin, empressée qu'elle était de connaître à nouveau l'orgasme ursidé. Elle connaissait la théorie du lapin et elle n'était pas sûre de pouvoir jouer à lapine. Le seul homme qui avait honoré un rendez-vous s'était trompé de date et aussi de fille, mais tous les autres avaient toujours su redoubler d'ingéniosité pour s'excuser après coup de ne pas être venus. On lui avait donné du "désolé, mais j'ai dessoulé depuis", du "c'est pas la peine, je me suis déjà branlé ce matin", du "j'ai pas pu venir, j'avais interro de maths". Puis il y avait eu ce garçon qui s'était excusé car il se mariait l'après-midi même, à Provins, et que ça faisait beaucoup de route pour si peu et que sa femme, chiante comme elle était, risquait de râler si il n'était pas là pour la nuit de noces...…
Amasser autant de lapins c'est de la cuniculture, mais à titre non lucratif, donc on n'est pas obligé de prendre un numéro de registre du commerce et d'en passer par un tas de tracasseries administratives qui vous font perdre un temps fou alors qu'on pourrait tout aussi bien utiliser ce temps à ne rien faire. Par exemple.
 
Mais pour l'heure, à force de cogiter, elle arrivait à ne plus s'ennuyer et ça, c'était ennuyeux. Etait-ce un signe annonciateur, le début d'une nouvelle ère? Allons bon, elle ne s'ennuyait pas le jour où il fallait s'emmerder ferme, l'ami pétanqueur n'avait toujours pas décommandé la partie de pattes en l'air et son banquier allait sûrement lui concéder le prêt des vingt euros nécessaires à l'achat du marteau et du burin pour mâchicouler sa cuvette de chiottes. Mince, vlà t-y pas qu'elle reprenait confiance en elle, que la chance semblait de nouveau lui sourire, que la vie, bon sang de bois!, LA VIE l'invitait à sa table, lui payait des bières et la traitait comme une vieille copine!! 
 
Pleine d'espoir et d'optimisme, la joie de vivre étincelant dans ses yeux, elle se mit à rêver qu'elle réussissait son prochain suicide...…
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commentaires

L
Ah ! Je l'ai fait en 257 mots...
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S
<br /> je vais voir ça!<br /> <br /> <br />
P
Aaaaah !!! Pétée de rire!<br /> J'adore... c'est horrible et délectable, une véritable prouesse!!!
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S
<br /> aux dernières nouvelles cette personne est toujours en vie.<br /> <br /> <br />
R
Si tu n'as que du réchauffé comme ça, je cours m'acheter un micro-onde.
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C
hello juste te dire un truc non incompréhensible j'aime bien ton toitre de blog
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S
<br /> hé hé, j'ai tout compris du premier coup!<br /> <br /> <br />
M
C'est scandaleux d'être aussi cru sans être vulgaire (enfin presque!) Merci pour le moment de détente au boulot
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S
<br /> promis, c'est la dernière fois avant la prochaine.<br /> <br /> <br />